Semaine 41 : Sufjan Stevens - The Age Of Adz [Asthmatic Kitty]



Il aura fallu 5 ans pour avoir un successeur à l’intemporel Illinois, un album qui aura marqué de nombreuses personnes dont Panda Panda qui ne se lasse toujours pas de cette œuvre ambitieuse et parfaite. Le mot peut paraitre fort mais parfait est bel et bien l’adjectif qui correspond le mieux au 5ème album de l’artiste originaire de Détroit. Dire que l’attente fut longue pour écouter son successeur est un euphémisme. Pourtant, ce compositeur talentueux et prolifique n’a pas passé son temps à se tourner les pouces. Entre les chutes de studio de Illinois paru un an après (The Avalanches) contenant quelques perles ainsi que les cinq premiers volumes de chansons de noël où l’on retrouvait l’indispensable volume 5 contenant les magnifiques Sister Winter et Star Of Wonder. Et puis ce fut le silence radio pendant deux ans. Seuls quelques interviews où le jeune homme se questionnait sur sa condition d’artiste et sur la nécessité de faire des chansons et qui provoqua quelques émois quand à un possible arrêt définitif. Les nouvelles se firent rare entre l’apparition surprise du volume 8 des chansons de noël (destiné seulement à des proches, les volumes 6 et 7 étant toujours inconnu du public) et The BQE premier vrai projet de Sufjan Stevens depuis Illinois. Si le volume 8 m’avait réjouit laissant entrevoir la suite des événements avec une place prépondérante pour l’électro, The BQE fut une douche plutôt froide. Instrumental de bout en bout destiné à illustré un film réalisé par ses soins, le tout manquait finalement de mélodies marquantes. Et puis finalement Août 2010 fut la libération avec l’apparition d’un EP annonçant l’arrivée imminente d’un nouvel album. Un Ep de 60 minutes (Ha oui quand même) où l’on trouve à boire et à manger, peut être trop long, pas assez de mélodies marquantes… Enfin, Age Of Adz arriva alors qu’on ne l’attendait plus vraiment, comme un vieil ami qu’on n’avait pas vu depuis des lustres.

Les retrouvailles ont finalement un goût de nostalgie, malgré la réverbération sur sa voix, la guitare douce et les quelques notes de piano parsemées ici et là sur Futile Devices ont un effet dévastateur sur l’auditeur. C’est beau. Tout simplement. C’est d’une pureté et d’une justesse comme il l’avait si bien fait auparavant. On pense à quelques ballades d’il ya quelques années qui nous avait déchiré le cœur à l’époque, To Be Alone With You ou The Dress Looks Nice On You viennent nous rappeler à quel point le compositeur est capable de nous dévaster avec simplement quelques notes. Too Much, second titre de l’album est son contraire. Composés d’une multitude de bruits et de sons électroniques dans un ensemble qui peut faire penser à un joyeux bordel, révèle une complexité de la composition qu’on avait pas encore vu chez lui, 10 ans après ses débuts. Malgré cela, le titre ne déçoit pas, loin de là, la voix aidant, répétant inlassablement les mêmes mots (« There’s too much… ») sur une mélodie des plus simples, le beau gosse de l’indie pop vient nous remémorer son Illinois avec instruments à cordes et à vent à l’appui.
La suite de l’album penche sérieusement du côté de l’électro plutôt que du folk intimiste. Mais on est loin ici d’un électro bête et méchant. Le travail fourni par Sufjan Stevens est titanesque. La structure des morceaux rarement simple brasse un mélange des genres. Pop, folk, électro, classique font union pour formé un tout jamais entendu jusque là dans l’histoire de la musique. Une sorte de symphonie classique du futur en somme. Au fil des minutes, il n’est pas rare que les compositions se déstructurent pour former quelque chose de nouveau ainsi Age Of Adz débutant sur des cuivres aussi menaçant que les grondements d’un orage et de flûtes ( ?) épileptiques comme pourrait être le chant d’oiseaux affolées laisse place aux chœurs apaisés et à la délicatesse du piano.

Si Illinois était ambitieux dans la force de son orchestration et de ses arrangements, The Age Of Adz l’est encore plus, auquel on rajoute la prise de risque totale dont fait preuve Sufjan Stevens dans la réinvention de son style sans perdre pour autant son identité. Là où il fait encore très fort c’est aussi dans les mélodies qu’elles soient tristes ou enjouées, on adhère à toutes au point de reprendre en chœur les chants accrocheurs et addictifs du chanteur. Et puis comment ne pas parler de Impossible soul titre qui clôture en beauté l’album. Long de 25 minutes (sans coupures), la chanson compte au moins cinq segments différents s’enchainant le plus naturellement du monde. Si les deux premières parties sont de toute beauté , c’est peut être les moins intéressantes. Il faut attendre dix minutes pour être réellement subjugué. Les frissons font alors leur apparitions, l’auto-tune qui est loin d’être mon invention favorite sied pourtant comme un gant au chanteur suivi par quelques notes de piano troublantes. Et arrive ce final libérateur, jouissif, laissant un grand sourire béat à la place des larmes. Cordes, cuivres, chœurs, machines… Tous se retrouvent dans cette conclusion festive où il ne manque plus que les feux d’artifices. Une fin qui laisse croire que l’artiste est finalement complètement décomplexé, débarrassé des règles de la musique en faisant ce que bon lui semble. Les dernières minutes ferment la boucle. Seul avec un banjo et une guitare, le compositeur nous remémore les débuts du disque et le fantastique Futile Devices. Répétant sans cesse les mêmes paroles : “Boy we can do much more together”... Oui, on espère qu’il pourra faire beaucoup plus mais la tâche semble particulièrement ardu après deux efforts finalement très différents mais tous deux aussi réussi car ne nous trompons pas, notre vieil ami touche une nouvelle fois la perfection du bout de ses doigts.



sortie le : 11 octobre 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace

Pour :
Esprits critiques
Mowno
So Why One More Music Blog?
Derrière la fenêtre
Branche ton sonotone
Brainfeeders & Mindfuckers

Contre :
Hop
Des chibres et des lettres

Samedi 16 octobre : Florent Marchet - Roissy (Avec Jane Birkin)

Après une escapade en 2008 avec ses frères animal racontant la vie d’une entreprise où toute une famille y participait, Florent Marchet revient en solo avec Courchevel après Gargilesse et surtout Rio Baril véritable chef d'œuvre de la chanson française qui avait su allier textes intelligents et touchants avec une orchestration ambitieuse qui pouvait rappeler le travail de Sufjan Stevens. Alors que ses deux précédents disques formaient une histoire entière (poussant Frère Animal à être présenté comme un livre-musical) avec un dénouement tragique. Que ce soit dans ses textes grinçants, mélancoliques ou poétiques ou dans les arrangements de ses morceaux n’hésitant pas à y ajouter des instruments peu commun (mandoline…), l’artiste âgé aujourd’hui de 35 ans a toujours montré une ambition à élever la scène musicale française vers des niveaux rarement atteint jusque là.

Sur Courchevel, Florent Marchet fait preuve de peu de renouveau malgré quelques changements. Tout d’abord, le concept : "un album, un récit" disparait ici pour laisser place à 10 histoires qui tournent cependant sur les mêmes thèmes. Beaucoup des chansons tournent autour de la famille du fantasme du cousin (?) qui passe ses vacances à Courchevel, l’ami trentenaire qui a toujours vingt dans sa tête (Benjamin), et surtout les relations amoureuses (l’eau de rose, Pourquoi êtes vous si triste?…). Le jeune homme prend de l’âge aussi et cela se ressent, se positionnant souvent comme l’enfant auparavant même si c'est encore souvent le cas ici, on le retrouve maintenant du point de vue des parents (Narbonne plage) et fait face à la crise de la trentaine (Benjamin). Cet album n’a rien de joyeux, nombreuses sont les histoires virant de l’insignifiant au drame comme il l’a toujours fait (les poignants Roissy , Narbonne Plage ou Courchevel).

Les cuivres se font beaucoup moins présents maintenant pour laisser place à des instrumentations plus électroniques en restant plus modérés qu’un Sufjan Stevens des dernières années, se contentant de quelques mélodies jouées au synthé. L’ambition est pourtant loin d’être à la baisse, même si tout semble avoir été simplifié, Florent Marchet fait preuve de beaucoup de talent pour habiller ses textes moins fort qu’auparavant car moins évident au niveau de la compréhension. Il varie même les plaisirs sur des mélodies plus dansantes, tel que Benjamin et ses beats électro rappelant Les Rita Mitsouko ou la famille Kinder tube le plus évident qui a un sérieux goût de M avant de décoller vers d’autres cieux dans les refrains.

6 ans après ses débuts solos, Florent Marchet ne déçoit pas et signe encore une fois un grand album qui ne devrait pas décevoir ses auditeurs, et pourquoi pas conquérir quelques cœurs grâce à quelques titres radiophonique en rien honteux. Courchevel possède une force dramatique et est d’une justesse qui lui permet de ne jamais tomber dans la mièvrerie ni dans le pathétique ce que peu d’albums français peuvent se targuer de posséder.

En écoute aujourd’hui, Roissy en duo avec l’inattendue Jane Birkin parfaite dans le rôle de la copine Anglaise pour une des plus belles ballade de cette année.



Extrait de l'album : Courchevel
sortie le : 13 octobre 2010
Label : PIAS
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
La musique à papa
Hop

Vendredi 14 octobre : Cloud Nothings - I Can’t Stay Awake

Ne vous fiez pas à cette pochette d’un calme apaisant, on est très loin du jeune romantique qui gratouille sur sa guitare sèche avec des gazouillis d’oiseux en fond sonore. Dès le premier titre, Dylan Baldi, 19 ans, seul pilote à diriger Cloud Nothings, annonce la couleur. La guitare est nerveuse, le reste brouillon, crade, saturé. Turning On est vraiment un bel exemple de ce qu’on appelle du Garage Lo-Fi , on ne trouve là dedans rien de très propre au niveau sonore, pourtant les compositions sont bien présentes, on trouve sur ce disque autant de chansons que de refrains accrocheurs, ceux qui vous touchent et surtout ceux qui vous font remuer des pieds, que ce soit sur l’intro de You Are Opening et sa guitare funky ou Morgan et ses « hey oh » qui nous donne une envie furieuse de l’accompagner dans ses cris.

A l’image, des groupes garage 60’s, Cloud Nothings produit tube sur tube empruntant de sa sauvagerie à l’esprit des groupes punk. Sans pour autant sur un rythme frénétique sur toute la longueur de l’album, Dylan Baldi sait lever le pied quand il est nécessaire, pour nous livrer de nombreuses chansons un brin mélancolique du plus bel effet. 13 titres, 13 perles, ce premier essai qui est en fait une compilation de tout ce qu’il a fait depuis 1 an seulement est une promesse encourageante pour son premier véritable album qui devrait sortir début 2011 qu’on espère aussi euphorisant.

En écoute aujourd’hui, I Can’t Stay Awake qui fait office d’entrée tonitruante dans ce disque réussit de bout en bout.



Extrait de l'album : Turning On
sortie le : 13 octobre 2010
Label : Carpark
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Mercredi 13 octobre : Belle And Sebastian - I Want The World To Stop

Les jours se suivent et se ressemblent sur Ears Of Panda, en effet, après Antony & The Johnsons, le nouvel album de Belle And Sebastian possède les mêmes défauts et les mêmes qualités que SwanligtsWrite About Love est sans aucun doute du bel ouvrage qui contient de belles musiques pop mais derrière tout ça c’est un peu vide… Cela fait déjà 14 ans que le groupe Écossais nous gratifient de leurs albums pop avec une recette bien à eux et, chose étonnante, avec un sommet artistique qui intervient 10 ans après leur début avec The Life Pursuit. Pas courant de nos jours, surtout pour un groupe médiatisé dès leurs débuts. Write About Love en est donc la suite, et en quatre années, on ne peut pas vraiment parler de remise en question. Les Écossais nous font du Belle And Sebastian pur et dur, mais tout comme Antony, le tout manque cruellement de magie.

Il y a des chansons qui nous chatouillent leurs oreilles avec leur pop qui sans déborder d’originalité ont la signature de Belle And Sebastian mais cela ne m’a pas suffit, j’en voulais plus. Le tout reste beaucoup trop sage et appliqué et laisse planer le doute d’une lassitude au sein même du groupe. .. Quelques lignes plus tard, l’inspiration me quitte déjà comme elle l’a fait en studio avec eux, il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à en dire, tant leurs compositions n’apportent rien à leur carrière. Pas de bravoure pas de faux pas, un disque comme un autre…

En écoute aujourd’hui, I Want The World To Stop la plus grande réjouissance de ce disque terne.




Extrait de l'album : Write About Love
sortie le : 11 octobre 2010
Label : Rough Trade
Myspace
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Pour :
Tasca Potosina
Brainfeeders And Mindfuckers
Volume

Contre :
HOP

Mardi 12 octobre : Antony & The Johnsons - Salt Silver Oxygen

Certains artistes doivent avoir l’impression d’être condamnés à sortir de nouveaux albums avec cette ombre pesante qui plane au dessus de leur tête. Cette ombre, c’est leur chef d’œuvre et il est parfois difficile de s’en affranchir… Antony Hegarty en fait partie. Avec le plébiscité I’m A Bird Now qui lui avait ouvert les portes d’une reconnaissance méritée on avait découvert une voix unique en son genre, une voix qui restera gravée dans les mémoires et qui laissait pointer un certain émerveillement quand à la capacité après tant d’années depuis que l’homme a commencé à chanter qu’on puisse encore entendre des voix aussi originales et émouvantes.

Avec lui, on était peu habitué à une sortie discographique rapide, c’est donc avec surprise que le monsieur nous sort un disque deux ans à peine après The Crying Light qui avait fini album de la semaine sur ce blog mais qui n’avait pas sur la durée réussit à m’enchanter toute l’année. En effet, malgré toute la beauté que peut dégager Antony Hegarty avec sa voix, malgré les bonnes idées qu’il peut faire preuve en matière de mélodies et d’arrangements (le très Radioheadien période Amnesiac Swanlights), on a toujours l’impression d’entendre la même chose… Certes, il le fait bien, mais il serait temps que l’anglais androgyne pense à renouveler son style comme il nous avait tant agréablement surpris avec Hercules And Love Affair il y a deux ans.

Avec ce disque, on finit par se poser la fameuse question : « Quel intérêt d’écouter un disque alors qu’il a fait le même en mieux il y a cinq ans ? ». Aucune au final, car dans quelques années on reviendra toujours sur le même disque et il ne s’appellera pas Swanlights. Les titres bons dans leur ensemble excepté deux titres assez terne sont loin de la qualité de chansons comme Hope There Someone ou For Today I’m A Boy fatalement. L’artiste souffre finalement de la comparaison avec lui-même ce qui est déjà une bonne chose mais pour éviter cette lassitude, Antony devrait penser sérieusement à un nouveau projet et pourquoi pas sans ses Johnsons. Car une fois le plaisir de la découverte passé il n’y a plus rien à sauver. Les frissons ont disparu. Hegarty sort un bon album à défaut d’être magique.

En écoute aujourd’hui Salt Silver Oxygen qui nous rappelle le dernier album d’Owen Pallett, que je n’ai pas écouté depuis quelques mois…



Extrait de l'album : Swanlights
sortie le : 11 octobre 2010
Label : Rough Trade
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Bon pour les oreilles
Playlist Society

Mercredi 6 octobre : Syd Matters - Hi Life

Il y a des artistes auxquels on ne prête pas ou peu d'attention et puis un beau jour ils sortent une chanson qui va tout changer. Les Français de Syd Matters en font partie. J'avais jusque là une certaine indifférence polie pour ce groupe qui ne m'avait jamais bouleversé. Leur nouveau disque a changé radicalement mon point de vue. Difficile de rester insensible aux compositions obsédantes de Brotherocean. Hier on parlait de Clinic qui avait réalisé une œuvre sage et apaisante, je suis bel et bien obligé de ressortir les mêmes adjectifs pour cet album. La recette est pourtant simple, tout est basé sur le trio piano/guitare acoustique/chœurs mais il y a tellement de sensibilité, de justesse que l'on est terrassé par la beauté qu'il s'en dégage. Hi Life en est le plus bel exemple. La mélodie rêveuse nous embarque loin de tout ce qui nous entoure. Un petit bijou illustré par ce clip aux graphismes enfantin mais dont on se fout finalement un tout peu du moment que cette musique continue à caresser nos oreilles.


Syd Matters - Hi Life
envoyé par sydmatters. - Clip, interview et concert.

Réalisé par Jérémie Perin
Myspace

Mardi 5 octobre : Clinic - I'm Aware

Comme j’aime Internal Wangler. Il y avait dans ce disque (qui fête cette année ses dix ans) tout. Des ballades déchirantes et paisibles, des tubes nerveux et accrocheurs, voir des morceaux limite bruitistes mais terriblement jouissifs. Seul un groupe de psychopathes était capable d’écrire un album comme celui-ci et ce groupe s’appelle Clinic. Ca tombe bien ces gars là sont un poil perturbés entre les masques de chirurgien qu’ils portent sur scène et les superstitions un peu idiotes auxquels ils croient (la volonté de ne pas mettre de chanson n°13 sur leur disque). Pourtant, ce coup d’éclat ne fut jamais réitéré reproduisant alors encore et toujours le même album mais de qualité moindre. Ca tombe bien, car depuis un moment, le groupe de Liverpool annonçait un changement radical avec ce Bubblegum, 6ème album du groupe. Un changement qui il faut l’avouer n’est pas non plus bouleversant.

Il faudra seulement oublier les ballades déchirantes, les tubes nerveux et totalement, les morceaux bruitistes et terriblement jouissifs. C’est donc un disque basé sur des ballades paisibles et plutôt accrocheuses, Clinic ayant laissé les guitares électriques au profit des guitares acoustiques. Seuls Lion Tamer, Evelyn et Orangutan viennent nous sortir de notre cocon chaleureux en accélérant le rythme de ce disque très sage. Sage, est sûrement le mot qu’on n’aurait jamais pensé sortir pour un groupe qui, il y a dix ans, sortait une œuvre dérangée/enragée. Pourtant, cet album n’est pas raté, loin de là, même si quelques titres se révèlent superflus avec le temps, nombreuses sont les balades apaisantes et chaudes qui coulent dans nos oreilles de la plus douce des façons. Dès l’ouverture, avec I’m Aware, Clinic charme par ce côté plus pop aidé par des mélodies très réussies.

Finalement, le plus étonnant dans ce disque est la voix d’Ade Blackburn, mise volontairement en avant où le chanteur tend à desserrer les dents, lui qui longtemps, semblait être crispé dès qu’il ouvrait la bouche accentuant le côté fou du groupe. C’est sur des titres tel que le très dénudé Linda qu’on se rend compte de tout l’apport de sa voix. Tout en retenue, le chant sied particulièrement à ce disque quasi-intimiste. Finalement ce changement de direction n’a rien de décevant, au contraire, on peut dire à propos de Bubblegum que c’est une réussite malgré un nombre de titres anodins trop important. Comme débarrassé d’un poids Clinic semble pour la première fois avancer. La présence d’une treizième chanson semble confirmer ce sentiment. Ils ont annoncés vouloir faire un album très électro pour le prochain, on les suivra sans hésitations.

En écoute aujourd’hui I'm Aware l'un des plus beaux titre de leur dernier album. A l’image de Bubblegum ce titre dévoile la facette acoustique du groupe où la guitare et la voix sont très mis en avant. Portée par des chœurs délicieux, cette chanson est une bien belle entrée en matière dans leur nouvel univers.



Extrait de l'album : Bubblegum
sortie le : 04 octobre 2010
Label : Domino
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Semaine 39 : Deerhunter - Halcyon Digest [4AD]

Deux ans après l’incroyable Microcastle, Deerhunter revient confirmer tout le talent qu’on avait vu en eux avec Halcyon Digest un album résolument plus pop que ses prédécesseurs.



Je préviens avant de commencer quoi que ce soit que je ne suis pas sur d’être objectif à propos de ce disque, tant Bradford Cox m’a apporté de nombreux plaisirs auditifs, que ce soit seul avec Atlas Sound, ou avec Deerhunter, jamais, je n’ai été déçu, et si chaque albums possédaient quelques titres un peu en deçà, les merveilles produites à côté rattrapaient le tout. Des merveilles il y en a énormément sur leur dernier disque. Revival et le premier single Helicopter ne mentaient pas sur le contenu auquel on allait avoir le droit sur Halcyon Digest. Plus pop, plus direct, le groupe avait l’intention de laisser de côté les rêveries vaporeuses et le son shoegaze et psychédélique de leurs précédents opus.

Bien sûr on retrouve quelques morceaux qui auraient pu apparaitre sur leurs précédentes productions notamment l’ouverture Earthquake qui rappelle tous les morceaux les plus « atmosphériques » de leurs précédents disques. Mais ce sentiment disparait très vite avec Don’t Cry un titre beaucoup plus terre à terre gardant un esprit brouillon en lorgnant vers le noise rock (guitares et voix saturées). A l’écoute du disque, Earthquake se révèle une exception dont on ne retrouvera l’esprit qu’à moindre mesure sur l’envoûtant He Would Have Laughed, titre clôturant comme il se doit Halcyon Digest.

Entre ces deux titres tout y est plus pop rappelant sur ce point beaucoup plus l’esprit d’Atlas Sound avec son Logos et les morceaux les plus faciles d’accès de Microcastle. Desire Lines par exemple, l’un des meilleurs titres qu’ils n’aient jamais écrit est une sorte de Nothing Ever Happened qui pourrait bien conquérir quelques cœurs avec un refrain des plus addictif, où l’on se surprendra et c’est bien une première chez eux à entonner le refrain avec ces « oh oh » entêtants, genre de choses dont on n’était pas habitué auparavant.

Comme je le disais au début, chaque albums possèdent des titres un peu en dessous et Halcyon Digest ne déroge pas à la règle empêchant ce disque d’atteindre la prospérité, comme j’ai pas peur (Panda Panda n’est pas mon vrai nom) je balance : l’anecdotique Don’t Cry, le très très radiophonique Memory Boy, et le sympa mais sans plus Basement Scene me laissent un peu de marbre face aux monstres présent sur ce disque (tous en écoute dans le lecteur à droite). De plus, contrairement à Microcastle qui pour le coup positionnera Halcyon Digest juste en dessous en terme de qualité, ce dernier disque a peut être un problème de cohérence, les titres s’enchainant sans se ressembler. Du très doux Sailing on passe à un Memory Boy démarrant au quart de tours ce qui est parfois déstabilisant à l’écoute de ce disque.

Mais je vous l’ai dis je ne serais pas objectif, au fond de moi, je me dis que ce disque mérité un 8/10 à cause des défauts énoncés dans le dernier paragraphe. Mais comment ne pas frissonner à l’écoute d’Helicopter l’une des plus belles chansons de cette année, de se trémousser sur le tube Revival ou Coronado et son saxophone au solo endiablé, ou pleurer à l’écoute de He Would Have Laughed ? Non, finalement, 9/10, c’est bien, très bien même, ce disque a beaucoup trop de grands titres pour avoir une note en dessous. Deerhunter produit une nouvelle fois un grand album et commet un sans faute dans sa discographie et démontre tout le bien qu’on pensait du groupe ici. C’est l’un des meilleurs de sa génération tout simplement.

En bonus le meilleur titre en clip :




sortie le : 28 septembre 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace

Pour :
Little Reviews
Brainfeeders & Mindfuckers
Mowno
Kub3
Indierockmag