#0001 : Frank Sinatra – In The Wee Small Hours (1955)



Nous sommes en 1953 et Francis Albert Sinatra n’est plus ce chanteur séduisant à succès. Lâché par sa maison de disque un an auparavant et par sa femme de l’époque Ava Gardner, le plus célèbre des crooners est au fond du gouffre. On aurait pu ne plus entendre parler de lui si la chance ne lui avait pas souri par la suite. Cette chance, il la doit à… la mafia. C’est en tout cas les rumeurs qui courent encore aujourd’hui à propos de l’obtention de son rôle dans le film From Here To Eternity de Fred Zinnemann. Poussé par la Cosa Nostra, le studio aurait confié à Sinatra le personnage d’Angelo Maggio qui lui permettra de gagner l’oscar du meilleur second rôle et de relancer sa carrière aussi bien cinématographique que musicale.

Fraichement signé sur le label Capitol, Frank Sinatra enregistre alors en 1955 In The Wee Small Hours qui sera distribué la même année. La première chose marquante à propos de ce disque est le soin apporté à la pochette. Là où ses précédents disques n’étaient que des montages assez grossiers et sans intérêts, cet album représente un Sinatra pensif au coin d’une rue sombre, déserte et bleutée. Cette pochette particulièrement réussie illustre bien le thème de ce disque où l’on découvre un Sinatra solitaire et mélancolique. Tout comme son premier disque solo The Voice qui lançait ce genre, In The Wee Small Hours est une sorte de concept album tournant autour de sa séparation avec sa femme Ava Gardner.

Ainsi, pendant les 16 titres habillant ce disque, on entend un Sinatra dévasté par cette rupture. Entre déprime et nostalgie il nous conte sa tristesse. D’une humeur indigo comme il le chante si bien, on découvre une star profondément humaine. Ce qui rend les paroles poignantes, c’est qu’au-delà d’un disque de rupture entre Ava Gardner et Frank Sinatra, c’est avant tout et simplement, un disque sur la rupture. Qui n’a jamais connu ces sentiments qu’il dépeint si bien, ce manque intense de la personne chérie, celle qui peuple votre pensée alors qu’elle est partie… "You're always on my mind, tho' out of sight" chante t-il sur This Love Of Mine. Célèbre ou non, les sentiments et les relations sont les mêmes, on ne peut que sourire devant les paroles de Can’t We Be Friends? dont le titre suffit à comprendre de quoi il s’agit.

Si In The Wee Small Hours est toujours considéré après toutes ces années comme l’une des œuvres majeures du siècle dernier, c’est aussi grâce à l’orchestration géniale de Nelson Riddle. Peuplé de cordes et de bois, l’orchestre qui doit être assez conséquent est pourtant tout en retenue. Les instruments accompagnent constamment la voix douce et l’interprétation parfaite de Frank Sinatra d’une sobriété élégante. Finalement, l’orchestre n’explose qu’à de rares occasions, seulement lorsque le chanteur pousse sa voix comme on la connait si bien sur des titres tels que New York, New York. Arrangements passés et intemporels à la fois, ce genre de réalisation n’existe plus vraiment aujourd’hui, et c’est bien dommage quand on voit le travail d’orfèvre de Nelson Riddle.

Si le disque est peut être un peu long et que les mauvaises langues diront qu’on a affaire à de la musique du troisième âge, c’est faire fi des paroles bouleversantes et du travail exceptionnel dont Sinatra et Riddle ont fait preuve. In The Wee Small Hours est et restera l’un des disques les plus tristes et un des plus réussis sur le thème de la rupture amoureuse.



Faut-il écouter ce disque au moins une fois dans sa vie? Oui, mais attention, en cas de rupture récente, ce disque peut être aussi nocif qu’addictif.

In The Wee Small Hours Of The Morning :


I'll Be Around :

les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie




Il y a 5 ans je me suis acheté ce livre… Dirigé par Robert Dimery et coécrit avec de nombreux collaborateurs, ces passionnés de musique ont constitué une liste de 1001 albums à écouter avant de mourir. 1001 albums c’est beaucoup, mais pas tant que ça lorsque je compte le nombre de disques écouté chaque année. Pourtant, depuis que j’ai acquis ce livre, il a pris avec le temps la poussière, ne prenant pas le temps de me jeter dans ce livre où l’on y trouve à boire et à manger.

En feuilletant le livre, on se pose certaines questions quand à la présence de certains disques, mais le plus marquants reste cette domination de la musique Anglo-saxonne. Pour vous donner une idée, 90% des disques doivent être anglais ou américain ce qui est regrettable au vu de la qualité ne serait ce que de la musique francophone.

Pourtant, bien que ce livre ne soit pas du tout la référence absolue, bien que de nombreux ouvrages équivalents doivent être bien plus intéressants et abordables, une nouvelle idée m’est venu. Cette idée je la dois à un blog cinéphile qui s’est lancé dans un projet équivalent (hélas, je n’ai pas retrouvé son nom, si toi lecteur tu sais, n’hésites pas à me le dire et tu auras le droit à une boite de Pépito).

Non, je ne vais pas faire ma liste des 1 001 albums que tu dois écouter avant de te coucher pour avoir l’air moins con, car j’en ai ni le courage, ni la prétention et surtout, je n’ai pas la culture nécessaire. On se contentera seulement de chroniquer les 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie selon Robert Dimery

Alors oui! Ca sent le projet foireux avorté avant la fin de l’année, oui! Il me faudra sûrement une vingtaine d’année pour arriver à bout du projet mais on s’en fout! Toutes les semaines un disque sera chroniquer et comme le livre on le fera de façon chronologique. De 1955 à 2005, de Frank Sinatra aux White Stripes, voici 50 ans de musique et ça commence dès aujourd’hui!

Semaine 15 : Panda Bear - Tomboy [Paw Tracks]



C’est au début de l’an 2009 qu’est naquit ce blog, et la première chose à faire était de lui trouver un nom. Une chose bien difficile… Pourtant, à cette époque un disque m’obsédait et m’obsède toujours. Alors qu’un nouvel album avec son groupe tout aussi talentueux pointait le bout de son nez et allait mettre à genou aussi bien les critiques que moi-même, je me préparais en réécoutant souvent ce qui restera un sommet de la décennie précédente : Person Pitch.

A l’époque, il ne m’avait pas frappé instantanément, je lui préférais d’ailleurs Strawberry Jam d’Animal Collective sortit la même année, mais avec le temps, Person Pitch n’a cessé d’aller de surprises en surprises. Avec ce son touffu et foisonnant, il révélait à chaque écoute de nouvelles facettes. Ce disque, on le doit bien sûr à Panda Bear, l’une des têtes pensantes du groupe nommé précédemment. Ainsi naquit Ears Of Panda, et accessoirement Panda Panda, le pseudo utilisé pour écrire les lignes que vous, les quelques lecteurs atterrissant sur ce blog, avez le courage de lire (enfin j’espère).

Cela fait maintenant plus de deux ans que ce blog essaie de rester en vie avec des moments plus difficiles que d’autres, ponctués aussi bien par de sérieux passages à vide que de phases de travail acharnées. Ce blog aurait pu vite tomber aux oubliettes si des artistes tel que Panda Bear n’avaient existé. Il fait partie de ceux qui vous rappellent à quel point la musique compte dans votre vie, que quelques minutes peuvent suffire à vous glisser un frisson passager au détour d’une mélodie. Il fait partie de ceux qui me font aimer la musique, qui viennent m’apporter un peu de lumières dans ces journées tristement noires ou qui tout simplement viennent me sortir de cette torpeur que nous réserve parfois la vie quotidienne.
Tomboy, son quatrième album studio ne déroge pas à la règle. Encore une fois, Noah Lennox réussit à nous convier dans un voyage dont il a lui seul le secret. Dès You Can Count On Me, morceau d’ouverture qui fait écho à Comfy In Nautica, on décolle, on est transporté par sa voix toujours plus aérienne avant d’être écrasé par Tomboy qui signe un réel virage dans sa musique. Contrairement à ses précédents ouvrages, on découvre un son rêche et dissonant noyé par les réverbérations si chères à Lennox. Avec l’incroyable Slow Motion et sa rythmique tordue inspirée par le Hip-hop, ces deux morceaux laissent apparaitre une lumière nouvelle sur les travaux de Panda Bear où la guitare électrique croulée et torturée par les effets est reine. Derrière l’exigence et la complexité qu’il soumet à l’auditeur, ainsi que les risques qu’il s’applique à lui-même, on est étonnement charmé par le résultat miraculeux de cette bouillie sonore.

Passé ces deux titres, Panda Bear retourne à son amour pour les instruments électroniques qui lui avaient tant réussis sur Merriweather Post Pavilion et c’est en particulier dans ce domaine qu’il excelle. Surfer's Hymn qui porte à merveille son nom est un bijou pop où les vagues accompagnent la voix planante de Noah Lennox. Il suffirait presque de fermer les yeux pour sentir le vent et le soleil nous caresser le visage. Quand il ne compose pas des compositions à la fois grisantes et pleines de grâces, des titres plus ambiants accompagnent nos rêveries. Scheherezade par exemple, ralentit le temps et nous invite sous l’eau à contempler les fonds marins.

Comme c‘est souvent le cas chez lui et malgré les innombrables instruments électroniques et les effets utilisés, Noah Lennox signe un album en communion avec la nature. Les morceaux nous évoquent tour à tour l’océan bien sûr mais aussi une forêt vierge où le vent viendrait ébranler les feuilles des arbres. Quelque soit les nouveautés que Panda Bear vient rajouter à sa musique, il y a chez lui cet amour pour la simplicité ainsi qu’une honnêteté quasi-émouvante dans sa démarche.

Si Tomboy ne réussit pas atteindre le sommet Person Pitch faute à quelques irrégularités, Panda Bear réussit une nouvelle fois à nous surprendre aussi bien par la qualité de ses compositions que par son travail effectué au niveau du son. Pourtant et plus que jamais, Panda Bear écrit une musique sensorielle, celle qui convoque votre imaginaire, qui vous berce, qui vous fait rêver et vous fait oublier.



sortie le : 12 avril 2011
5 titres en écoute à droite.

Pour :
Lesatori
Funk You Dear
Mowno
Chroniques électroniques
Brainfeeders & Mindfuckers
Tasca Potosina
...

Contre :
mamaindanstondisque
...

Mardi 12 avril : TV On The Radio - Second Song

Oh joie! Les revoilà! Finalement, l’attente n’aura pas été si longue. Deux ans et demi après la réussite Dear Science et l’annonce d’un hiatus, le groupe de Brooklyn est de retour avec leur cinquième album. Pourtant, on aurait pu craindre le pire au vu des éparpillements de chacun, en particulier Dave Sitek qui n’a cessé de multiplier les collaborations et a même trouver le temps de sortir un disque solo sous le nom de Maximum Balloon. D’ailleurs, on n’aura même pas eu le temps de trépigner d’impatience puisque la nouvelle nous est parvenue deux mois avant sa sortie, un temps à peine suffisant pour se demander à quoi pourrait bien ressembler Nine Types Of Light.

Qu’allaient t-ils donc nous proposer cette fois ci ? Hmmm? Rien de surprenant en fait! La véritable surprise de ce disque est qu’il n’y en a pas. On pourrait même penser que le groupe a finit par se reposer sur ses lauriers en nous proposant un album pop/rock mâtiné d’électro sans envergure. Où sont passés les Wolf Like Me, Family Tree et autres Golden Age qui proposaient des sonorités très différentes ? On reprend finalement les choses là où on les avait laissés. Nine Types Of Light possèdent quelques points communs avec son prédécesseur comme ces cuivres et ces sons électro omniprésents utilisés toujours à bon escient. Cependant, l’ambition a disparu et les risques sont minimes au profit d’un son bien plus accessible. Ce disque dérange par cette impression de routine qui se serait installé chez un groupe en manque d’idées. Le constat est irrévocable, Nine Types Of Light est leur plus mauvais disque (sans compter Ok Calculator inconnu au bataillon).


"Wouaaa comment Panda Panda il défonce le dernier TOTR!!!"

Oui mais non. Si ce disque est une déception, Nine Type Of Lights arrive sans peine à survoler la masse des productions actuelles. Tv On The Radio est sans conteste un grand groupe qui n’a plus grand-chose à prouver aujourd’hui. Il y a bien sûr Dave Sitek sollicité de toute part mais aussi Tunde Aedimpe, une des voix les plus incroyables de la musique actuelle ou encore, Kyp Malone qui a prouvé avec son disque solo qu’il était bien plus qu’un simple guitariste. Cette association de talents réussis encore à faire des étincelles comme sur les magnifiques Killer Crane, Will Do ou l’explosif Caffeinated Consciousness.

Nine Types Of Light n’est pas une surprise, c’est un bon disque et si les moments de faiblesses sont plus présents que par le passé on ne boudera pas notre plaisir sur le reste de l’album qui pourrait même rallier quelques allergiques du groupe à leur cause.

En écoute aujourd’hui, Second Song, The song de l’album qui comme son nom ne l’indique pas ouvre le bal. Un titre direct et pop qui donne un bon aperçu de ce à quoi vous pouvez vous attendre. Avec ses couplets apaisants basés sur un piano classieux et ses refrains étourdissants le groupe prouve qu’ils sont encore capable d’écrire d’excellentes chansons. Sous fonds de cuivres et de chœurs putassiers, Sitek et sa bande partent à l’assaut des radios qui ne devraient pas se faire prier pour le diffuser en boucle.



Extrait de l'album : Nine Types Of Light
sortie le : 11 avril 2011
Label : Interscope
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite.

Pour :
Tasca Potosina
Playlist Society
Random Songs
Mowno
...

Contre :
Dirrty Music
...

Semaine 14 : Bill Callahan - Apocalypse [Drag City]

Entre Bill Callahan et Panda Panda, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour, juste une certaine indifférence. Ce vieux briscard qui trace sa route depuis plus de vingt ans n’aura pas gravé dans ma mémoire une quelconque chanson à travers ses deux disques, le mal aimé Woke On A Whaleheart et l’incompris Sometimes I Wish We Were An Eagle qui aura laissé perplexe votre serviteur face à tant d’éloges pour un album d’Americana. Sans jamais poussé le vice à écouter ses précédents disques publié sous le nom de Smog, mais aimant m’infliger quelques souffrances, je me suis lancé corps et âmes dans Apocalypse son dernier album paru cette semaine.

Il faut garder en tête que Bill Callahan est avant tout un chanteur de country alternative, chaque son sortant de sa voix grave réveille en nous le fantasme des grandes plaines américaines et des chevauchées sauvages mais aussi le vieux Texan dans son pick-up avec le chapeau vissé sur sa tête, ce qui est tout de suite beaucoup moins rêveur… Si Bill Callahan évolue dans son genre, il n’a par contre jamais hésité à habiller sa musique d’arrangements variés et délicieux. Ainsi, sur America!, c’est une guitare lourde et saturée qui rythme nos pas avant qu’un solo résolument rock retentit dans nos oreilles. L’héritage des Yankees est cependant partout, la "pedal steel guitar" s’invite sur de nombreux morceaux rappelant que derrières ces quelques touches de modernités, l’Ouest Américain n’est jamais loin.Il faudra pourtant passer outre cet à priori pour pouvoir apprécier la musique de Callahan car derrière, se cache un vrai talent de songwriter comme sur Drover, morceau d’ouverture qui au fil des minutes ne cesse de gagner en intensité. La guitare se fait de plus en plus présente et le chant plus dévoué. Ce qui ressemblait à une chanson toute bête trouve alors une seconde lecture, plus passionnante et bien plus bouleversante. Apocalypse prend le temps de développer ses chansons qui descendent rarement sous la barre des 5 minutes mais promettant de belles surprises. C’est au moment où lorsque l’on s’habitue à une ligne mélodique que survient des changements subtils, un accord de guitare qui devient plus grave, un rythme qui faiblit et voilà que Callahan marque nos esprits. C’est aussi un grand parolier évoquant sa place dans ce monde, dans cette Amérique sur le déclin parfois avec humour mais souvent évoqué avec inquiétude. Il fait partie de ces chanteurs où les paroles ont autant sinon plus d’importances que les mélodies qui les entourent.

A l’écoute d’Apocalypse, il est évident qu’il manquait quelque chose pour avoir un déclic avec sa musique que l’on trouve avec ce disque peut être par sa variété qui alterne les titres sages et plus aventureux, les titres mouvementés et plus calmes. Si ce disque sera peut être considéré mineur dans une discographie déjà vaste par les puristes, ceux qui seront restés jusque là aux portes de son univers y trouveront peut l’être l’envie de se plonger ou de se replonger dans l’œuvre de cet artiste.



sortie le : 05 avril 2011
5 titres en écoute à droite.
Myspace

Pour :
Playlist Society
Bon pour les oreilles
Hop
L'essentiel est ailleurs
...

Contre :
Hop
...

Samedi 9 avril : We Are Enfant Terrible - Make Your Laugh

Ha putain du 8-Bits… [Parenthèse] Un conseil à tous les groupes du monde, arrêtez de croire que le 8-bits c’est cool. A force c’est lourd et surtout ça sent le réchauffé, ou alors, faites comme We Are Enfant Terrible servez vous en avec parcimonie… [fin de la paranthèse]

Avec leur premier album, je m’attendais à un vrai supplice, un album dont la date de péremption serait passée depuis longtemps. La communication derrière le groupe n’aidant pas vraiment non plus... Entre la pochette "made in paint" qui laisse de marbre et des photos presse où le groupe pose dans un accoutrement ridicule devant des consoles d’arcades datant des années 80, il y avait de quoi en rebuter plus d’un… Avant même la première écoute ça sentait le démontage en règle, heureusement, ce trio Lillois est bien plus que l’imagerie qu’il nous propose.

Je ne vais pas vous mentir, les sonorités 8-bits sont présentes tout au long de l’album mais sont loin d’être gênantes car au premier plan c’est la batterie sauvage, le synthé pas cheap pour un sou et la guitare agressive qui sculptent leurs chansons. Des chansons qui il faut l’admettre ont pour principale qualité d’avoir constamment une mélodie accrocheuse, un minimum pour un groupe destiné à faire danser sur le dance-floor ce qui est pourtant loin d’être une généralité.

Malgré un rythme soutenu voire trop, ce qui sur la longueur tend à lasser l’auditeur, We Are Enfant Terrible (WAET pour les intimes) arrive à instaurer des ambiances bien différentes. On retrouve ainsi le sexy Filthy Love porté par la voix sensuelle de Clo Floret, A Song To You dont la guitare en toile de fond nous ramène au début des années 90 ou l’électro/dance affolant de Wild Child qui nous invite dans un club poisseux.

Pour un premier disque, WAET s’en sort plutôt bien mais on regrette que ce disque ait autant de qualités que de défauts. Le rythme trop soutenu et le son surchargé tend à nous fatiguer au risque de nous laisser à la fin du disque avec une sérieuse gueule de bois. Malgré ça, Explicit Pictures reste un disque sympathique qui pourrait rencontrer un joli succès chez les moins de 30 ans et les aficionados de l’électro/Rock.

En écoute aujourd’hui, Make Your Laugh, un titre qui laisse rapidement place aux sons réalisés par une game boy au profit du trio agressif guitare/synthé/batterie.




Extrait de l'album Explicit Pictures
Sortie le : 05 avril 2011
Label : Last Gang Records
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite.

Pour :
Tadah! Blog
Musique Culture
Kub3
Pop Revue Express
Froggy Delight
ADN Sound...

Contre :
...

Semaine 13 : King Creosote & Jon Hopkins - Diamond Mine [Domino]



Après quelques vacances il est temps de revenir aux affaires ! Heureusement, j’avais emmené avec moi quelques devoirs afin de trouver un album de la semaine digne de ce nom. Celui là, je le dois à Mr Marsupilami blogueur émérite qui s’applique depuis quelques années à nous faire découvrir de nombreuses merveilles. Bien malin fût le marsupio pour attirer le chaland dans les griffes de cet éclatant joyau en lui donnant la note suprême. La première et dernière fois (selon lui) qu’un disque se voit octroyer un 10/10.

Ce disque, remplit de belles promesses, on le doit à deux artistes. D’un côté il y a le méconnu (en tout cas ici) King Créosote dont on avait parlé (un peu) il y a un bail à l’occasion de la sortie de Flick The Vs. Peu connu et pourtant, il suffit de jeter un coup d’œil à sa page wikipedia pour se rendre compte de la discographie impressionnante amorcée en 1998. De l’autre, on a Jon Hopkins qui avait bluffé le Panda avec son troisième album Insides. Depuis ce coup d’éclat, il a collaboré avec quelques noms prestigieux (Coldplay, Brian Eno, Four Tet…) et a fini par se construire une solide réputation aussi bien en tant que musicien, que producteur. C’est dans ce deuxième cadre que le Londonien a participé à la construction de Diamond Mine qui aura été réalisé sur plusieurs années. Sans labels pour mettre la pression et sans contraintes, les deux artistes ont pris tout leur temps pour écrire ces 7 compositions d’une trentaine de minutes seulement.
Sur ce laps de temps assez court, ils se permettent même une chanson introductive aussi réussie que nécessaire car First Watch, qui ouvre l’album, instaure l’ambiance qui habite la totalité du disque. Au premier abord, Diamond Mine est une œuvre à la limite de l’introspection, parfois hésitant dans son jeu mais qui nous laisse découvrir un monde fascinant construit par les deux hommes. Ce monde qui est au centre de ce disque, c’est le village natal de Kenny Anderson (aka King Creosote), une petite ville portuaire d’Ecosse. Tout commence dans le café du coin par les échanges de quelques habitués couverts par le brouhaha ambiant, on y entend alors des bribes de conversations entre la vapeur qui s’échappe de la théière et les entrechocs de la vaisselle déposée abruptement dans l’évier. Puis, très vite, on prend le large et on se retrouve sur la côte, le cri des mouettes et le remous des vagues parvenant jusqu’à nous. C’est à ce moment que les premiers mots de King Creosote accompagné seulement d’une guitare sèche font surface et c’est sans artifices que les premiers frissons parcourent notre échine. Dans cette simplicité le chanteur nous transperce en plein cœur par sa voix chaleureuse qui évite le piège d’un disque qui aurait put vite tomber dans le pathos. Le chanteur n’en fait jamais trop et réussit à garder un ton juste tout au long de l’album.
Pour autant, il ne faudrait pas minimiser le travail de Jon Hopkins, car Diamond Mine est bel et bien une collaboration et non une énième sortie solo de King Creosote. Il faut voir cet album comme un tableau, si ce dernier en a dessiné les contours, Hopkins s’est chargé de le colorer et de lui donner vie. Pendant qu’Anderson livre les paroles et les esquisses de chaque compositions, le londonien remplit l’espace en donnant toujours plus de reliefs aux titres. Souvent constitués de lentes montées, les titres, déjà troublants, gagnent en émotions au fil des minutes. Ainsi, John Taylor’s Month Away qui commençait avec une simple guitare finit en apothéose avec un accordéon et des chœurs. Il suffit alors de fermer les yeux pour s’imaginer sur les côtes Ecossaises sentant le vent souffler vigoureusement dans nos oreilles au bord de la falaise. On reconnait aussi son travail sur des titres tels que Bubble ou l’on jurerait entendre certains passages issus de ses précédents travaux. Il y applique alors quelques touches d’electronica des plus discrètes mais du plus bel effet.

Diamond Mine, en plus de cadrer parfaitement avec l’imaginaire dans lequel ils ont désiré faire évoluer le disque, est d’une justesse incroyable. On ne tombe jamais dans la facilité, dans le débordement de sentiments ou dans le tragique. Il révèle au fil des écoutes des trésors d’inventivité quand il s’agit de donner aux compositions toujours plus d’ampleur. Enfin, et surtout, il se bonifie avec le temps, on s’attache à ce disque si commun aux premiers abords, mais que l’on finit par s’approprier et à chérir.

Ne vous laissez pas avoir par l’aspect inoffensif qu’il dégage au début, car derrière, c’est un véritable trésor qui se cache. Diamond Mine est le premier grand disque d’une année qui tardait à démarrer, il fait partie de ces albums qui, une fois apprivoisés, ne vous lâche plus. Il vous accompagne tout au long de l’année, vous obsède au point de ressentir le besoin de s’en abreuver jusqu’à en tarir la source. Heureusement pour nous, elle semble inépuisable tant les richesses dévoilées se font de plus en plus nombreuses, car il suffit de tourner, dans nos doigts fébriles, ce diamant brut pour y découvrir une facette toujours plus étincelante.



sortie le : 28 mars 2011
5 titres en écoute à droite.

Pour :
Little Reviews
Chroniques Automatiques
Momo's Blog
Tasca Potosina
Louds Shouting
Sound Of Violence
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Contre :
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