Lundi 30 main 2011 : Joy With Colors - Tarzan

Ca sent un peu l’été en ce moment non? Il fait beau, Roland Garros bat son plein et Joy With Colors sort son premier album. On peut dire que Julien et Timothée arrivent à point nommé avec ce Balcony. Ecrit et enregistré en un mois dans une salle de bain, les deux artistes en herbe ont choisi de faire dans la spontanéité et la fraîcheur sans pour autant écrire un disque complètement dépouillé. Au fil des chansons on découvre guitares, basse, synthés et surtout des percussions bricolées et inventives qu’on imagine réalisées avec tous les objets qui leurs sont passés sous la main. Sur ce point on pense parfois à Toy Fight qui avait ce même sens de la rythmique en s’affranchissant de la batterie classique pour proposer à chaque titre du sang neuf évitant ainsi la redite.

Avec ce premier essai, Joy With Colors propose une alternative intéressante à Vampire Weekend. On est bien sûr très loin du professionnalisme ou du niveau mélodique du groupe des jeunes New Yorkais mais il y a cette même légèreté et cette même joie qui traverse leurs chansons. La rythmique, point fort de ce disque, à la fois frénétique et quelque peu tribale n’y est pas pour rien dans cette comparaison.

Cependant on est un peu déçu que le chant ne soit pas en Français, surtout que l’accent à couper au couteau vire petit à petit à l’obsession, nous focalisant alors que sur cet aspect. La présence parfois trop pressante des synthés un peu cheap peut aussi gâcher le plaisir. Bien que l’on retrouve quelques exceptions heureuses, on préfère quand le duo laisse les guitares prendre le dessus comme sur le single impeccable Hello Starters.

Certes, on fait la fine bouche, car ce premier disque réussit à sortir quelques compositions réjouissantes et bien que fauché, ce disque se déguste comme un bon verre de rosé bien frais en plein cagnard.

En écoute aujourd’hui, Tarzan, la conclusion heureuse de Balcony qui réussit à trouver un juste équilibre entre les guitares et les synthés.



Extrait de l'album : Balcony
sortie le : 30 mai 2011
Label : Laybell
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite.

Pour :
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Contre :
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Semaine 19 : Wild Beasts - Smother [Domino]



Depuis quelques années, je m’inquiète pour le rock anglais. Entre lourdeurs et clichés, il peine à évoluer contrairement à son cousin d’outre-Atlantique qui a su rebondir après le dictat imposé par le succès du revival rock du début des années 2000 mené par les Strokes. Bien sûr, quelques groupes échappent à la règle comme la surprise XX ou Wu Lyf pleins de promesses qui, on l’espère, se concrétiseront avec leur premier album à venir en juin. A côté de ces mastodontes, il y a pourtant quelques exceptions plus discrètes dont Wild Beasts en fait partie. Auréolé d’une nomination au Mercury Prize, la consécration n’est pas encore arrivée pour ces quatre Anglais. Pourtant, avec trois albums et trois réussites il serait temps que le succès commercial frappe à leur porte et Smother pourrait bien sonner le début de la reconnaissance.

Encore une fois, Wild Beasts réussit sur toute la ligne un disque cohérent et surprenant. Faisant peur quelques secondes sur l’introduction de Lion's Share dû à la voix ampoulée de Hayden Thorpe, il suffit de l’arrivée du piano pour faire disparaitre tous nos doutes. La voix, parlons en… Elle sera sûrement le frein pour certains, d’un côté il y a celle de Tom Flemming, une jolie voix grave et assez classique et de l’autre, celle d’Hayden Thorpe. Ce n’est sûrement pas l’atout du disque, même si sa voix est impressionnante, il en joue beaucoup. Théâtrale à souhait il passe des graves aux aigus avec une aisance déconcertante jusqu’à en faire parfois un peu trop… Toujours à la frontière entre le ridicule et le sublime on penche pourtant ici pour la deuxième option. On est autant chamboulé par les refrains aigus d’Albatross que ses halements sur Bed Of Nails.
La principale qualité du disque reste ses compositions dont une moitié est tout simplement superbe. Bien qu’il y est parfois un relent de classicisme dans leurs chansons et tout particulièrement dans le son des guitares qui rejoint à peu près la moitié de la production actuelle du rock Anglais, Wild Beasts fait preuve d’un véritable savoir faire. A chaque fois que les guitares jouent ensemble, il y a cette impression de spirale, chacune se mêlant à l’autre pour mieux se complémenter. Loop The Loop est peut être le plus bel exemple, où la magie opère le mieux. Jamais simple au premier abord ce n’est qu’à l’arrivée du refrain que tout se révèle. La plupart des chansons marchent dans ce sens et si Smother (étouffement), le titre de l’album pourrait s’appliquer aux couplets, les refrains font office de véritables bouffées d’air frais nous sentant alors libéré.

Les percussions qui avaient si bien marchés sur le précédent disque sont toujours là, empruntant aux rythmiques africaines elles se font cependant moins présentes, la voix restant la pièce maitresse de leur création. Cependant, le piano et les sonorités électroniques se font beaucoup plus présents, d’ailleurs on n’est nullement étonné d’apprendre qu’ils aient enregistré dans le même studio que Four Tet où l’on retrouve ce même goût pour les sonorités cristallines si fragiles mais si belles.

En ayant trouvé un juste équilibre entre théâtralisation de leur musique et justesse des arrangements, Wild Beasts ne tombe jamais dans le ridicule et réussit pour la troisième fois à écrire un disque à la beauté glaciale et mélancolique. On serait même tenté de le rapprocher à Ok Computer. Sans atteindre la même perfection, il a cette approche d’un rock atmosphérique, naviguant hors du temps… Depuis quelques années je m’inquiète pour le rock anglais, mais le pays de Kate & William (♥) garde encore quelques trésors qui ne cessent de briller malgré les années passées.



sortie le : 09 mai 2011
5 titres en écoute à droite.

Pour :
Indiepoprock
Nuage noir
La musique à Papa
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Couci couça :
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Contre :
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Samedi 14 mai : Okkervil River - The Valley

Okkervil River a une importance toute particulière pour moi. En effet, c’est lorsque je découvris le groupe en 2005 que ma boulimie musicale pour les nouveautés indépendantes a pris le dessus. Je compris alors que ce n’était pas dans les magazines musicaux que j’allais dénicher les perles rares mais bien dans une multitude de blogs et de sites alimentés par des passionnés. C’était en 2005 et la chanson For Real me terrassait. A mes yeux, cette chanson est peut être l’un des 20 meilleurs titres de la décennie passée. Il y a tant de ferveur et d’émotions qui l’habite que les frissons ne cessent de revenir à l’écoute de ces quelques minutes troublantes. Ce titre était sur le brillant Black Sheep Boy, une œuvre qui naviguait entre folk et rock et qui nous délivraient 11 compositions de hautes tenues qu’elles soient nerveuses ou d’une simplicité et d’une beauté désarmante.

Depuis, bien que ces Texans gardent une place dans mon cœur, l’attente entre leurs sorties a disparues. Pourtant, ils ont toujours su garder une qualité constante dans leurs albums mais il manquait toujours quelque chose pour revenir sur leurs disques contrairement à Black Sheep Boy. Ce quelque chose se retrouve peut être dans I Am Very Far. Pour la première fois depuis 2005, on sent Will Sheff avancer. On palpe l’excitation qu’à pu provoquer l’enregistrement de certains titres (Wake and Be Fine et son armée de guitare). Okkervil River, pour la première fois expérimente et se met en danger, l’Americana disparait pour laisser place à un disque plus pop/rock, ils tendent d’ailleurs à se rapprocher de groupes comme Arcade Fire en créant un disque plein de fougue et de grandiloquence.

Quand I Am Very Far fait dans le rock, la(les) batterie(s) tabasse(nt) et les guitares semblent être une armée entière. On parle ici de 7 guitaristes pour enregistrer certaines parties de l’album ce qui explique le souffle épique qui le parcoure. Quand ils se font plus posés, les violons prennent le relais tutoyant alors les cieux. N’hésitant pas à tomber dans une certaine forme de dramaturgie, on reste pourtant captivé et passionné par ce nouveau souffle que Will Sheff a donné à son groupe. Ainsi, on est emporté par la tempête de violons qui conclue l’intense We Need A Myth.

Peut être cet album sera oublié d’ici quelques mois, peut être que l’on y retournera que très rarement, mais pour l’instant, Okkervil River réussit à nous faire vibrer de nouveau. Grâce à ce second souffle ils restent un honorable groupe indie qui malgré les années passées ne s’est pas encore endormi sur ses lauriers.

En écoute aujourd’hui, The Valley, un titre qui explose, qui réveille ! Ecoutez moi donc cette batterie omniprésente ainsi que ces sonorités électroniques annonçant un renouveau du groupe. En un seul mot, Euphorisant !


Extrait de l'album : I Am Very Far
sortie le : 10 mai 2011
Label : Jagjaguwar
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Bon pour les oreilles
Le noise
Des oreilles dans Babylone
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Contre :
Playlist Society
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#0003 : The Louvin Brothers – Tragic Songs Of Life (1956)



Alors que Fleet Foxes se voit consacré album de la semaine en cette année 2011, revenons 55 ans en arrière avec The Louvin Brothers. Contrairement à Elvis et Franky, ces deux frangins sont beaucoup moins célèbres dans notre contrée et pour cause, ils font de la country! Ce genre de musique c’est un peu comme la musette chez nous en plus classe mais qui reste un héritage culturel bien particulier dépassant rarement les frontières. Je ne vous cacherai pas que la country reste un genre qui me laisse froid, de la musique de péquenaud bon à écouter pour passer le temps quand on garde les vaches…

Pourtant, Tragic Songs Of Life n’est pas un véritable calvaire et cela grâce au genre un peu particulier de cette country qui officie dans la case "close harmony". Je ne vais pas me taper un paragraphe pour expliquer de quoi il s’agit (pour ça il y a wikipedia) mais disons que Simon & Garfunkel en sont les principaux ambassadeurs. Ainsi, Tragic Songs Of Life vaut principalement pour ses harmonies vocales entre les deux frères Louvin. D’un côté il y a le sage Charles à la voix plutôt basse, et de l’autre, Ira le grand frère alcoolique et violent dont la voix monte bien plus haut dans les aigus.

The Louvin Brothers évolue donc cette grande Amérique, poussiéreuse, pas celle des villes, mais des campagnes à une époque indécise. On pense aux Soggy Bottom Boys (Les culs trempés en français) le célèbre groupe imaginaire des Coen dans O’Brother, mais là où ces derniers s’inscrivaient dans un registre léger, le duo d’Alabama évoque les ruptures et les meurtres (appelé les murder ballad, un thème de prédilection chez les américains) à travers des chansons traditionnelles et des reprises plus modernes.

Bien sûr, rentrer dans leur musique est chose délicate puisque cela reste un disque assez vieux jeu hormis les parties vocales très réussies. Tragic Songs Of Life est un disque "sympathique" mais que l’on n’écoutera pas en boucle au risque de frôler l’indigestion. Malgré cela, si vous avez le courage d’écouter au moins le titre In The Pines et que vous avez l’oreille assez fine (comme moi quoi) vous reconnaitrez peut être une version bien plus populaire appelée Where Did You Sleep Last Night? jouée par Nirvana lors de leur célèbre MTV Unplugged.



Faut-il écouter ce disque au moins une fois dans sa vie? Si tu aimes les Baked Beans et le Dinky Dan, pour sûr!
Label : Capitol



In The Pines :


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Katie Dear :


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Mardi 10 mai : The Antlers - I Don't Want Love

Il y a deux ans, The Antlers sortait Hospice, un album au succès critique considérable. Chez Ears Of Panda, on ne s’était pas trop attardé sur le troisième effort du groupe. Vite écouté, vite oublié! Oublié à un détail près, Two, le single enchanteur, m’avait laissé des étoiles pleins les yeux, et des rêves pleins la tête. Cette chanson fut donc suffisamment marquante pour me plonger dans le nouvel album des New-Yorkais.

Dès la première écoute, Burst Apart se révèle bien plus direct et accrocheur, s’ils ont perdu en originalité, The Antlers écrit des compositions à la fois humbles et touchantes qui jouent la carte de la mélancolie en évitant soigneusement le pathétique. Comme le précèdent on n’évite pas quelques déchets ici et là, mais le disque arrive à se démarquer grâce à un intérêt qui ne faiblit pas au fil des écoutes. On attend patiemment les merveilles disséminées dans un disque qui arrive à être à la fois varié et fidèle à l’ambiance instaurée dès le premier titre.

Empreint d’une douce mélancolie, on s’attache aux titres composant ce disque. Qu’ils soient sous la forme d’un slow mélancolique et lascif (French Exit) dans un esprit de revival 80’s tout en contournant intelligemment les pièges de la parodie. Ou tout simplement Corsicana, une élégante ballade, entre contemplation et tristesse, qui réveille l’esprit de Buckley le temps de quelques précieuses minutes.

Burst Apart n’est pas un album à single, mais bien une œuvre à part entière, à la fois personnelle et prenante où chaque titre nous immerge toujours plus dans ce monde vaporeux et tristement beau.

En écoute aujourd’hui, I Don't Want Love, on démarre sur des guitares timides laissant la très belle voix de Peter Silberman prendre ses marques. Le refrain arrive, et les guitares se font aériennes et belles. La chanson ne cesse de gagner du relief avant de terminer là où elle avait commencé…



Extrait de l'album : Burst Apart
sortie le : 10 mai 2011
Label : French Kiss
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Du-son
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Contre :
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Semaine 18 : Fleet Foxes - Helplessness Blues [Bella Union]



Nom d’un troupeau de mouton égaré! Les bergers sont de retours! Trois ans après leur premier album éponyme acclamé de toute part, les barbus de Seattle reviennent pour confirmer tous les espoirs que l’on avait placés en eux. Il en aura fallu du temps pour donner une suite mais il faut dire qu’entre déboires et travail acharné ce Helplessness Blues a finit par tourner à l’obsession au point de réenregistrer totalement le disque l’année dernière par soucis de perfection (avec à la clé une perte d’argent assez colossale…). Pas facile d’être les nouvelles stars du folk…

Pourtant il suffit d’une écoute pour ce rendre compte du travail impressionnant et de la rigueur dont ils ont fait preuve sur ce nouvel album. Salué pour leurs harmonies vocales dès leur EP Sun Giant, tout est ici amplifié. Montezuma, le titre d’ouverture, est sublimé par ces chœurs qui résonnent, les frissons ne sont jamais bien loin. Alors que Grizzly Bear gardait jusqu’ici la palme des meilleures vocalises, le groupe de Seattle vient sérieusement ébranler ce statut avec des chants qui avouons le sonnent à la perfection. Il suffit d’écouter The Plains pour être convaincu du travail titanesque effectué sur les voix au point d’attiser notre curiosité au sujet des concerts et s’ils seront capables d’en faire autant dans des conditions live (Réponse à Saint-Malo!).
Au-delà des voix, Helplessness Blues est un disque qui a une volonté constante de faire mieux que son prédécesseur, les guitares sonnent à merveille en occupant tout l’espace. Par exemple, l’interlude The Cascades est un véritable travail d’orfèvre où ces artisans construisent en 2 minutes chrono une véritable cathédrale folk à la fois pastorale, magique et émouvante. Au-delà d’une production aux petits oignons, Fleet Foxes brille une nouvelle fois par son songwriting brillants et ses arrangements éclairés. On aime la flûte qui nous ramène 40 ans en arrière, la mélancolie et la luminosité qui se confrontent à chacune de leurs chansons. Plus que jamais, ils prouvent toute l’étendue de leur talent quand il s’agit de toucher l’auditeur en plein cœur.

Alors que ce disque est loin d’être gai par ses thèmes abordés, tout sonne plus joyeux, plus percutant, ce qui le différencie principalement de leur premier opus. Oui parce que hormis ces détails, Fleet Foxes reste Fleet Foxes et il est dommage que le groupe ne mette pas leur talent au profit de l’innovation. Au lieu de ça, le groupe reste dans un esprit très 60’s avec Crosby, Stills & Nash en tête de gondole. Ce second disque passe aisément l’épreuve de la confirmation car tout y est amplifié comparé à leur album de 2008 sans avoir perdu leur inspiration en cours de route. Cependant, si ils persistent à continuer dans cette voie, la redite ne sera alors plus très loin. Avec tous ces groupes qui ne cessent d’innover et de réinventer, il est dommage que Fleet Foxes n’aille pas dans cette direction et préfère plutôt, rester sur ses acquis.

Helplessness Blues n’est donc pas la bonne surprise que l’on attendait mais tout simplement un excellent disque qui reste dans la lignée du premier. Ceux qui auront aimé leurs débuts les apprécieront toujours autant, quand aux allergiques des harmonies vocales, ils passeront une nouvelle fois leur chemin.



sortie le : 03 mai 2011
5 titres en écoute à droite.

Pour :
L'essentiel est ailleurs
So Why One More Music Blog?
Bon pour les oreilles
Feu à volonté
Mowno
Funk You Dear
Les chroniques de Blake
Hop
Indiepoprock
Le bouillon
Dirrty Music
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Contre :
Du-son
Le site de la vérité
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#0002 : Elvis Presley – Elvis Presley (1956)



Celui qui en août 1953, rentra dans les bureaux de Sun Records pour enregistrer quelques chansons et les offrir à sa maman ne devait certainement pas se douter de l’avenir qui lui était réservé, et pourtant… C’est de là que tout est parti, très vite, il tape dans l’œil du patron Sam Phillips qui lui permettra d’enregistrer ses premiers singles et de partir en tournée. C’est lors de ses premiers concerts que le phénomène prend de l’ampleur, les cheveux teint en brun, le jeune garçon qui chantait jusque là quelques airs de country devint la première star du Rock’n’roll par son phrasé, son jeu de guitare et son mouvement de bassin qui excitait autant les adolescentes que choquait les parents. RCA, le plus important label s’intéresse alors à cette mine d’or et lui propose de rejoindre leur écurie avec à la clé la somme astronomique de 40 000 dollars. A 20 ans, ce jeune homme qui n’a même pas l’âge légal pour signer son contrat (ce sera son père qui apposera sa signature) devient alors le King.

Un an plus tard, et après le succès du single Heartbreak Hotel, on aurait pu craindre le pire, les ventes de singles se révèlent être assez décevantes. Blue Suede Shoes n’atteint que la vingtième place et Carl Perkins qui est l’auteur et l’interprète de la chanson originale fait même mieux que lui alors que aujourd’hui, cette version tend à être oubliée au profit de la reprise de Presley. Pourtant, son premier album éponyme sera au final un succès retentissant. Premier disque à dépasser le cap du million d’exemplaires vendu, il restera 10 semaines à la première place des charts. Au-delà du son particulièrement nouveau que proposait Elvis Presley, il y a surtout un nombre incalculable de tubes. D’entrée de jeu, le blanc-bec impressionne avec Blue Suede Shoes. Tout pourrait se résumer à ce titre, du vibrato exagéré de Presley au solo de guitare, la chanson d’ouverture signe en 2 minutes seulement une chanson aussi excitante qu’euphorisante. Aujourd’hui encore, la chanson garde une puissance féroce grâce à l’énergie déployée par un Elvis Presley déchaîné.

A l’image de la pochette culte (reprise 23 ans plus tard par les Clash) la guitare est au centre du disque. Contrairement à beaucoup de standards R’N’B et rock de l’époque où le piano faisait figure d’instrument principal, Presley renverse la vapeur avec ses reprises sur-vitaminés de classiques tels que I Got A Woman ou Tutti Frutti. Ce disque est aussi l’occasion de retrouver un Elvis assagi et plus classique en particulier sur les titres issus des fameuses Sun Sessions de 1954 dont le meilleur est gardé ici. En plus de nous faire bouger furieusement le bassin, le King nous fait rêver que ce soit avec des ballades à l’esprit Hawaïen (Blue Moon) ou en jouant le crooner romantique des campagnes (I Love You Because). Bien que 5 titres datent du label Sun et sont facilement identifiables elles parviennent à s’imbriquer parfaitement avec les autres compositions bien plus riches en terme d’instrumentation.

Si il est avant tout un artiste à single plutôt qu’à album, Elvis Presley réalise en à peine une demi-heure une première œuvre majeure du rock. Grâce à l’interprétation faite sur chaque titre, le King surpasse la plupart du temps l’originale. Ce disque, c’est aussi une voix, à la fois envoûtante et enivrante, elle reste avec le temps toujours aussi unique. Ce 23 mars 1956, jour de parution de l’album, le rock venait définitivement se faire une place dans le monde de la musique.



Faut-il écouter ce disque au moins une fois dans sa vie? Quelle question...

Blue Suede Shoes :


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Tutti Frutti :


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