Route du Rock 2012 : Deuxième jour.




Oh putain il fait chaud sous la tente. C’est notre troisième édition et c’est bien la première fois qu’on se réveille en sueur, la bouche asséchée, à cause du soleil malouin qui frappe comme jamais. Après un petit café on se dirige vers la plage pour se manger une galette à l’incontournable crêperie « Le corps de garde », notre deuxième maison après la tente lorsque nous venons à Saint Malo. Parce que c’est sacrément bon, on n’en fera pas trop la pub, surtout que cette année, nous n’avons pas pu aller en terrasse et nous avons du nous coltiner les dessous de toit qui restent sympathique au demeurant (y a des prises pour recharger son portable !). Après avoir bien mangé, on se pose sur la plage en écoutant le DJ set hautement sympathique de la station radar. Comme il fait beau on en profite pour sauter du haut du plongeoir en attendant la venue de Bobby Loose qui restera seulement pour la journée du samedi. Finalement, il arrivera en même temps qu’Ela Orleans, la première bonne surprise de la journée. On ne connaissait pas mais la Polonaise basée à Londres arrive sans mal à cadrer sa musique avec l’ambiance du moment. Ses chansons délicieusement surannées et légères respirent le soleil et le sable chaud. Allongé dans nos transats, on se délecte de ce premier concert plein de charme.




Sauf que le temps passe vite et il est déjà temps de retourner aux navettes en nombre cette année pour faire transiter tous les poppies entre les différents lieux du festival. On tire d’ailleurs notre chapeau à  l’organisation qui a été efficace tout au long de ces trois jours contrairement à beaucoup d’autres qui rament sur ce point. N’étant pas du tout intéressé par Egyptology qui est pourtant sur l’excellent label Clapping Music, on décide de partir pour Veronica Falls. Mais le panda est un sacré faignant, beaucoup trop influençable et peu rigoureux. On loupera finalement les Anglais qui ont pourtant de solides tubes dans les cartons au nom du saint Apéro…




On débarquera finalement sur le site pour Savages, un groupe composé de quatre filles signé sur le label qui monte : pop noire (Lescop). Bien que sur un label Français, seule la chanteuse Jehnny Beth (échappée du duo John & Jehn) l’est (son vrai nom, c’est Camille Berthomier, parce que Jehnny Beth c’est pas très très Français hein!), les musiciennes, elles, sont toutes basées à Londres. Alors bien sûr on a en tête des tas de groupes de Post Punk (Siouxsie and the Banshees comme le scandera Bobby Loose au groupe) mais ces jolies demoiselles font le boulot et arrivent à jouer des chansons couillues en évitant de tomber dans le piège du groupe trop girly. Toutes de noir vêtues, Savages enverra du gros bois durant son temps imparti. Si la recette commence à tourner en rond au bout de 30 minutes, on gardera en tête un set énergique et hargneux.




Arrive ensuite Lower Dens, les Beach House du pauvre (nan j’déconne roooh). Le quintet originaire de Baltimore (comme Beach House) vient défendre son deuxième album intitulé Nootropics. Ce qui frappe sur scène, c’est que… Ca ressemble vachement à du Beach House quand même… Une impression qui ne nous avait pourtant pas frappés à l’écoute du disque. Même style, même voix on est jamais très loin du mimétisme. Seulement, le charme n’y est pas contrairement à l’enregistrement studio et le groupe a du mal à s’imposer sur scène. Complètement transparents, Lower Dens enchaine les titres avec une mollesse qui donne envie de les baffer. Il faudra attendre l’arrivée de leur tube Brains pour réveiller la foule et pour que le concert décolle enfin. Malheureusement, à ce moment là, nous ne sommes déjà plus très loin de la fin et c’est déçu que l’on ressort de ce concert beaucoup trop mou pour éveiller un quelconque intérêt.




Le samedi aura été la plus grosse journée en terme d’affluence, normal c’est le jour où il y a la seule véritable tête d’affiche : The XX. Alors que les Fish & Chips se tassent devant on reste un peu plus en retrait pour apprécier le show de mes chouchous. Oui, The XX sont devenus mes chouchous deux semaines avant La Route du Rock. Il aura suffi de lire une interview chez Magic pour se rendre compte que ces personnes sont aussi intelligentes que modestes, des jeunes gens paraissant adorables malgré le succès énorme du premier album qui ne semble pas leur avoir monté à la tête. Il y a aussi ce premier disque boudé jusque là mais qui a fini par dévoiler toute sa beauté et sa magie. C’est donc complètement sous le charme que je viens assister à mon premier concert des XX (émotion). Armé d’un grand X comme visuel, The XX arrive tout en noir. Le groupe commence alors à enfiler les perles comme si de rien n’était. Loin d’avoir fait l’unanimité, ces jeunes poussins ont plus que jamais divisé sur ce live comme pourraient le témoigner les 4 connards qui ont gueulé « c’est de la merde » pendant les 5 premiers titres. Merci! Cette attitude peut pourtant se comprendre. Le problème XX étant qu’ils ne se sont pas permis assez d’excentricités alors que les moyens sont là. On s’attendait avec un mec si talentueux que Jamie XX derrière les platines à ce que les chansons partent un peu plus dans de nouvelles directions, qu’elles soient plus excitantes, mais non. Le trio reste trio et personne ne se doit de tirer la couverture vers soit. On regrettera cette lecture faiblarde de Crystalised qui perd au passage sa rythmique qui sonnait telle une chevauchée à la fois tragique et urgente. Crystalised mis à part, que pouvons nous reprocher d’autres excepté ce manque d’audace (qui saoulera notre ami Bobby Loose où son nom va bientôt prendre tout son sens) ? Pas grand-chose car les Anglais font le boulot. Leur concert était beau, ils ont enchainé les chansons intemporelles du premier disque et ont dévoilé de nouveaux extraits en tout point excitant. Il y a chez ce groupe une finesse et un jeu bien à part qui le démarque des autres. Si on apprécie leur musique, il est très difficile ne pas se laisser aspirer dans leur bulle le temps d’une heure. On oublie tout le reste et on apprécie leur musique si délicate. The XX est un groupe insaisissable et finalement très difficile d’accès. Ce soir là, Ils n’auront pas manqué à leur réputation en laissant un paquet de festivaliers sur le carreau. Tant pis pour eux, le set achevé on a encore de grands X lumineux dans les yeux.




Bien sûr, on croyait reprendre notre dose de X avec Jamie le soir même, nous permettant ainsi d’éviter les insupportables Breton. D’ailleurs, Bobby Loose, lassé par The XX est parti faire une sieste dans la tente histoire d’être au taquet pour le club de l’escalier. C’est ballot, sa venue est annulée (il fallait bien une annulation J). Bobby Loose et son pass 1 jour devra finalement nous attendre le reste de la soirée à la tente.  Bien sûr, Panda Panda est pas content, il est même tout rouge et décide de partir au bar VIP boire une bière à 6 euros (5.60 aux bars normaux : What The Fuck ?) avec Bobbie Rambo et Bobby KK (Bobby Love étant parti avec sa love story bien sûr). On finit par se détendre en attendant la venue de Mark Lanegan. Sauf que… On avait oublié le petit Willis sur la scène de la tour. On débarque donc un peu à la ramasse devant le phénomène originaire de Chicago qui sera l’une des révélations du festival. Armé d’un simple magnétophone, on découvre une voix rocailleuse, grave et puissante qui réveillera tous les festivaliers moisis. La musique n’a beau pas être démentielle, Willis Earl Beal se démène sur cette scène presque trop petite pour lui. Habité, on reste un peu circonspect au niveau de la musique quasi absente mais le bonhomme beugle tellement fort que l’on finit par se focaliser sur sa voix seulement. On ne fera pas la fine bouche puisque Willis Earl Beal nous aura finalement tous impressionnés et mettra enfin tout le monde d’accord dans le public. Dommage que l’on soit parti au mauvais moment pour aller picoler !




Sans pause, Mark Lanegan prend alors le relais. Alors Mark Lanegan c’est un mec sympa et tout, c’est un ancien, il rigole pas mais on s’en fout un peu. Sa performance la plus remarquable restera pour beaucoup ses interventions dans Queens Of The Stone Age. Bien que sa voix soit remarquable, 5 minutes avant est passé un jeunot avec une voix tout aussi, sinon plus, épatante que lui avec la fougue et la rage en plus. Mark Lanegan et la cinquantaine qui pointe nous livrera un set digne d’une vieux rocker sur le déclin. Le groupe va enchainer les morceaux mous du genou à notre grand désespoir lui qui est censé être un pilier du grunge et du stoner rock. Ses morceaux à moitié disco ne suffiront pas à nous sortir de notre torpeur et on finira par décrocher totalement. Dommage, avec une discographie aussi conséquente que la sienne, Lanegan avait la possibilité de proposer un concert bien plus excitant pour une heure si tardive.




Breton clôturera la soirée en venant jouer leur premier album sorti cette année. Un premier album qui est d’ailleurs imbitable. Breton est typiquement le groupe pour kids qui se veut être un groupe de rock indé respectable. Résultat, leur musique est une soupe arrangée avec une multitude d’effets putes. On  n’arrive toujours pas à comprendre quelle sympathie on peut avoir pour eux. Dans la case Hype Anglaise on aurait largement préféré Django Django qui a au moins le mérite d’avoir sorti un album correct cette année. Du coup vous vous en doutez, le concert était comme le disque (sauf que là on les voyait et ils avaient des affreux sweat à capuche), c’était naze, bonsoir.




Lessivé, on rentre sur le camping, très vite, on est alpagué par Bobbie Rambo qui réclame à boire on lui laisse aller chercher le whisky resté dans la voiture (gentleman) en lui promettant de déguster (un bien grand mot) avec elle, un verre de cette boisson bon marché à son retour. 10 minutes plus tard, elle nous retrouve dans les bras de Morphée et c’est ainsi que s’achève cette 2ème journée qui nous aura convaincu qu’à de trop rares moments. Heureusement, le dernier jour devrait être tout autre.

Route du Rock 2012 : Premier jour.

On aurait aimé vous dire que Don Niño sur la plage c’était trop bien, qu’Alt-J et Patrick Watson nous ont émerveillé, que Yeti Lane a fait son meilleur concert depuis des lustres sauf que non. La journée est bien entamée à notre arrivée, la rencontre avec une barrière de sécurité sur une quatre voies en début d’après midi nous aura sacrément retardé. On vous passe les détails, l’important était que tout le monde allait bien et c’est donc en début de soirée que Bobby love, Bobby KK, Bobbie Rambo et Panda Panda arrivons sur le site. Comme d’habitude, l’obtention du précieux bracelet/badge est rapide, on file alors sur le camping trouver une place. Comme on a pu le remarquer dès notre arrivée, il n’y a pas vraiment foule, on apprendra plus tard que ce sont seulement 14 500 festivaliers qui se sont déplacés malgré le beau temps (25 000 l’année dernière quand même…). On espère que cette baisse de fréquentation n’empêchera pas au festival de continuer mais les programmateurs devront se poser des questions à l’avenir. Pour en avoir discuté avec beaucoup de gens, la majorité regrettera cette affiche très 90’s. Si les rares mais acclamés Spiritualized avaient leur place. Inviter des groupes comme Mazzy Star avec son folk/rock sombre et downtempo, Dominique A qui a déjà tourné PARTOUT en France ou Mark Lanegan qui est sur une pente descendante niveau créativité depuis des lustres, n’était peut être pas une si bonne idée. Des éléments nous échappent sûrement mais avec un budget aussi rikiki que celui de la route du rock, les programmateurs devraient essayer de miser sur des groupes peut être plus jeune et moins réagir à leurs coups de cœur. Enfin on dit ça on dit rien, nous on a bien aimé. 

Bref, il est précisément 21h10 lorsqu’on débarque sur le joli site de la route du rock, le soleil commence à se coucher et Patrick Watson finit son set. On en profite pour aller récupérer des jetons près de l’accès VIP (les débutants font la queue à l’entrée du site : LA LOOSE), un gobelet et on entame notre première bière à l’eau dont les prix semblent avoir une fois de plus augmenté (5.60 la pinte). Après s’être grave désaltéré on avance devant pour admirer Dominique A qui nous avait livré une excellente prestation lors du festival Fnac Live à Paris quelques semaines auparavant. Dominique, c’est un peu le vieux briscard du fort qui vient ici pour la quatrième fois, cette fois ci il vient jouer son dernier album et ne se fout pas de son public. Le groupe, qui est une dizaine sur scène, habille les chansons d’instruments à vent et donne ainsi un souffle épique à  ce concert. Il n’est pas rare que les titres issus de Vers les lueurs connaissent des montées qui, grâce à l’orchestre, se font avec classe et poésie. Entre pop et rock assez brutal, on est envouté par sa prestation assez théâtrale et grandiloquente mais qui lui sied comme un gant. Hélas, c’était la dernière fois que Dominique A jouait avec cette formation mais on ne doute pas que le Nantais saura nous étonner et nous émerveiller lors de sa prochaine tournée. On regrettera cependant que Dominique A ait décidé de ne jouer que des chansons (ou presque) de son dernier album. Avec une discographie comme la sienne, il est dommage qu’il ne soit pas allé piocher dans de vieux albums pour nous offrir un concert un peu plus Best-Of. Cela aurait évité la monotonie s’installer en fin de parcours ainsi que la redite avec son concert datant de quelques semaines seulement. Cependant, on reste conquit par cet artiste talentueux qui continue malgré les années passées à nous enchanter.



Cela aurait pu être un défi pour n’importe quel rigolo d’enchainer derrière notre héro national seulement voilà, celui qui arrive, celui qui est sans conteste la tête d’affiche de cette soirée, c’est Jason Pierce. Ex Spacemen 3, il est depuis, le leader de Spiritualized, un groupe aux membres et à la géométrie très variable. Avec 20 ans de carrière (7 albums studio) et pas un faux pas, le bonhomme va mettre le feu aux poudres en balançant son tube Hey Jane en guise d’introduction. D’entrée, on est conquis par cette épopée sonore qui fait mouche. La pression aurait pu retomber mais Jason Pierce va nous servir une setlist sans faux pas qui nous captivera de bout en bout. Le groupe tout de blanc vêtu alternera chansons posées et mouvementées mais toujours orchestrées avec brio. Les guitares psychés n’hésitent pas quand à elle, à nous offrir des solos de bon goût (à préciser, parce que les solos souvent c’est dégueu, mais Jason il est trop fort (Saint Père)). Sa musique aérienne nous donne envie de s’envoler dans son trip cosmique avec lui. Plus fort que Dominique, Spiritualized livre sans conteste le meilleur concert de la soirée qui aura su contrairement à son confrère piocher dans ses autres disques notamment dans Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space, disque incontournable de son époque.



C’est encore la tête dans les nuages que l’on accueille les Français de Civil Civic qui enchainent sur la scène de la petite tour, à noter qu’il faudra bien l’intégralité du concert pour comprendre pourquoi ils parlent Anglais : ils sont Australiens (fail). Bref, après avoir entendu de nombreux échos positifs sur  eux, on ressort un peu déçu de leur prestation guère convaincante. Le set est répétitif, peu inspiré, brouillon… On passe totalement à côté du concert qui fera la joie des festivaliers qui remuent comme jamais devant la petite scène. Panda Panda doit être trop vieux pour ces conneries….


Aparté/ Alors je ne détaille pas à chaque fois que je prends une bière parce que c’était entre chaque concert hein… On a beau avoir bu des litres de bières, y avait pas de quoi être pompette, allez y mollo sur l’eau dans les bières les gars.

Civil Civic finit, on retourne directement devant la grande scène assister au déballage sonore de The Soft Moon venu de San Francisco. Les programmateurs ont fait péter le budget pour les inviter puisqu’ils n’étaient pas en tournée (le groupe à coûté trois fois plus qu’à l’accoutumée)… On trouve la décision, là encore, un peu étrange lorsque l’on connait le porte monnaie ric-rac du festival mais au vu du spectacle peut être avaient ils raison. Très vite, le groupe a su imposer au public l’ambiance sombre et sale qui fait le charme de leurs albums. Malgré l’aspect très bruitiste et peu mélodique de leurs compositions on est happé par l’ambiance qui émane de leur show efficace mais épuisant.


Heureusement, le temps que Squarepusher prenne place on a le temps de récupérer et boire une b... enfin vous avez compris. Ce soir, on décidera de faire une croix sur le club pour louper la légende Michael Mayer au profit de la légende anglaise (c’est pas grave, on y va demain voir Jamie XX les copains : lol). Autant être honnête on n’est pas un grand fan du bonhomme par ici, on n’a même pas jeté une oreille à sa dernière production qui semblait assez foireuse au vu du single… Ce n’est pas le set qui nous fera changer d’avis. Sur scène, Squarepusher devient un mélange entre Etienne de Crécy et Aphex Twin. Comme Etienne de Crecy, le petit Tommy fait joujou avec les loupiottes pour émerveiller les yeux et cacher la misère de sa musique. On pense du coup à Aphex Twin qui nous avait usé avec son électro épileptique qui terminait en orgie sonore imbouffable et indigeste. Squarepusher, c’est donc des bips frénétiques, des basses agressives et abrutissantes. Non, franchement, on aurait du se casser voir Michael-chael et son électro pleine de finesse à l’escalier parce que là ce n’était pas possible. Si les choix sont peu nombreux à faire puisque le festival souhaite que le public puisse assister à tous les concerts (et c’est bien vu lulu), on a quand même sacrément chié sur le coup.


Blasé, Panda Panda se  casse avant la fin se  coucher après une première journée, hélas, écourtée à cause d’une foutue barrière. Dommage car le début de journée était alléchant. On sort donc un peu déçu par ce premier jour sauvé en particulier par Dominique et Jason qui auront servi d’excellents concerts.