Mardi 25 Septembre : How To Dress Well - Total Loss


S’il y a bien un genre qui revient en force ces dernières années, c’est sans aucun doute le R&B. Pas le Rythmn and Blues dans années 50 popularisé entre autre par des artistes phare comme Ray Charles, non. Là je vous parle d’Aaliyah, de Beyoncé ou encore de R. Kelly. Si bien que cette année on a vu le retour en force d’Usher (du moins sur le single Climax) ou l’apparition de futurs grands espoirs pour 2013 qui tentent de renouveler le genre (AlunaGeorge, Jai Paul…). Dans tout ce revival, il existe un artiste un peu à part qui officie sous le pseudo de How To Dress Well. Derrière ce nom se cache le producteur Tom Krell, tout droit sorti du quartier prolifique de Brooklyn, il ne correspond pas vraiment à l’image que l’on se fait de l’artiste R&B par excellence. Grand et blanc comme une asperge, le garçon ne paye pas trop de mine et cette différence par rapport à ses congénères se vérifie aussi dans sa musique.

La musique de Tom Krell réussit à créer une ambiance à la fois éthérée et sensuelle qui se révèle cohérente de bout en bout. Le pari était loin d’être gagné tant sa musique arrive à dégager des émotions différentes. Excitant (le tube & It Was U), troublant (l’émouvant Talking To You), enivrant (l’ascensionnel Set It Right), on ne reste jamais insensible aux charmes de sa musique. Sa plus grande force est surtout de proposer une alternative au R&B d’aujourd’hui. Tout au long de Total Loss, Tom Krell nous invite dans sa machine à rêve, malgré l’aspect quelque peu brouillon du disque, sa musique vaporeuse et lumineuse remporte rapidement l’adhésion de l’auditeur. On se laisse porter par ses compostions touche-à-tout qui n’hésitent pas user des codes du R&B. Beats clinquants, voix poussant dans les aigues, mélodies de guitares et pianos romantiques... Tout y passe mais les mélodies sont toujours arrangées au bon goût du producteur Américain.

Avec Total Loss, Tom Krell révèle un talent qui nous avait jusque là échappé, on aimerait maintenant qu’il oublie le côté Lo-fi pour signer un album R&B soigné à la production impeccable, comme ça, juste pour voir, mais à tous les coups, l’album en serait d’autant plus grand.


Label : Weird World
Sortie le 18 septembre 2012
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

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Semaine 38 : Grizzly Bear - Shields


Il y a trois ans sortait Veckatimest,  troisième album de Grizzly Bear qui voyait le groupe sortir de l’ombre. Propulsés par quelques singles incroyables (Two Weeks, Ready Able…), ils étaient enfin sous les feux des projecteurs. Salué par la critique et ses pairs, le disque connaitra même un joli succès public qui les imposera comme une des formations majeure des années 2000. Cependant, il faudra reconnaitre malgré toutes ses qualités que le disque était parfois écrasé par des compositions presque trop grandes pour eux. Alternant entre morceaux intimistes et cathédrales pop, Veckatimest ne trouvait pas l’équilibre  qui aurait pu en faire un grand album, un album incontournable qui compte dans l’histoire de la musique. Les ingrédients étaient là mais la recette n’était pas tout à fait au point.

Ne tournons pas autour du pot, si Shields se démarque suffisamment de son grand frère pour ne pas s’amuser au jeu des comparaisons, Grizzly Bear à gommé les défauts de son prédécesseur afin de trouver l’équilibre qui permet à n’importe quel disque de perdurer dans le temps.

Dès l’ouverture, avec la chanson Sleeping Ute, le groupe originaire de Brooklyn dévoile une toute autre facette. L’introduction est rude, un morceau presque rock voire anti-mélodique qui montre bien que l’intention n’est pas de caresser l’auditeur dans le sens du poil mais au contraire de le bousculer. Au revoir les harmonies vocales et les prouesses orchestrales, les quatre garçons ont grandi et les envies ne sont plus les mêmes. Shields ne renie en aucun cas Veckatimest  mais se dirige vers une forme plus minimaliste. Que ce soit les instruments à vent ou à corde, les orchestrations se font plus discrètes, Grizzly Bear se débarrasse de ses obsessions et renoue avec une musique plus classique mais où  chaque composition garde pourtant l’empreinte du groupe.
Ce quatrième album n’est pas un bouleversement total, les chansons oscillent toujours entre le folk et la pop et le groupe signe encore une fois un disque empreint de mélancolie. Les voix d’Edward Droste et Daniel Rossen sont quand à elles toujours aussi belles mais se mêlent moins aux autres. Sûrement moins réfléchi et perfectionniste que par le passé Shields n’en parait pas pour autant plus grossier mais au contraire, bien plus subtil. Chaque chanson est parcourue de détails qui fourmillent, la clarinette basse sur The Hunt donne à la chanson une profondeur bienvenue quand aux boucles de synthés sur Sleeping Ute, elles viennent faire virevolter un peu plus dans nos têtes cette bourrasque sonore.

Au-delà de ces petits plus qui en font beaucoup, comment ne pas admirer les variations dans chaque chanson. A l’image d’A Simple Answer qui débute comme une balade enlevée avant de finir en apothéose avec cette conclusion dramatique qui prend tout d’un coup aux tripes. On prendra encore pour exemple Sleeping Ute (loin d’être la meilleure pourtant), chanson presque violente, qui finit sur une accalmie avec une guitare folk sereine pour seule compagne.

La grande force de ce disque est là, celle d’être tout et son contraire. La batterie claque, les guitares sèches et saturées sont souvent au premier plan mais sont toujours contrastées par la douceur le raffinement de certains arrangements bien plus discrets. Shields ne paye pas de mine par rapport à Veckatimest et pourtant, les richesses mélodiques semblent innombrables grâce à des compostions qui ne cessent de nous surprendre malgré les écoutes répétées. Jusque là, Shields n’a montré aucun signe de lassitude, les chansons prises individuellement ne sont jamais époustouflantes mais l’œuvre dans sa globalité nous laisse admiratif.

Au final, il est incroyablement dur de décrire en quoi ce disque est grand, pourquoi Shields est un disque qui va compter non seulement pour le groupe mais aussi dans les années à venir car tout y est question de ressenti. Au-delà des compositions impeccables, de l’ambiance  globale qui s’en dégage et de la qualité constante quelque chose d’autre est là mais qui reste insaisissable. C’est sûrement dans cette part de mystère que réside sa force, cette impression de ne pas en avoir fait le tour et qu’il y a tant de choses à découvrir.



Sortie le : 18 septembre 2012
Label : Warp
5 titres en écoute à droite.

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Semaine 37 : The XX – Coexist


L’une des grosses sensations de 2009 est et restera The XX. Sorti de nulle part, ils avaient laissé la critique pantoise face à un premier album qui tutoyait les cieux. Basé sur des sonorités minimales et des compositions simples, le quatuor originaire de Londres avait fait fondre plus d’un cœur indé. Pourtant chez Ears Of Panda il en aura fallu du temps pour apprivoiser ce premier essai. Si l’on était conquis par la grandeur des singles, le reste du disque semblait bien fade à côté. Avec le temps, cette impression d’avoir un album en montagne russe a laissé place à un amour immodéré pour leur musique à la beauté glaçante. C’est donc sans trop d’attente qu’est arrivé ce deuxième disque enfin dans mon cas, car pour les amoureux de la première heure il aura fallu attendre trois ans. Cette attente s’explique principalement par la distance prise par Jamie Smith avec ses deux compagnons (la troisième personne, la guitariste Baria Qureshi, ayant quitté le navire en plein milieu de la tournée /uncool). Pendant que Oliver Sim et Romy Madley Croft comptaient fleurette,  le petit génie plus connu sous le nom de Jamie XX a mis son talent au profit du regretté Gil Scott-Heron en remixant son dernier et ultime album. We’re New Here fut d’ailleurs applaudi par la critique et permis au jeune homme de tourner cette fois ci seul en tant que DJ.

Mais bon, c’est bien beau de tripoter des boutons devant un public ecsatsié mais au bout d’un moment faut arrêter les conneries et retourner en studio avec les copains qui l’attendaient bien sagement avec de nouvelles chansons en main. Soyons clair, l’écriture des XX n’a pas changé d’un iota. Leurs compositions épurées jusqu’à l’os se contentent de recréer la magie du premier album en écrivant des lignes de guitares ainsi que de basses simples. Ce qui pourrait être un reproche est ici tout le contraire. On salue le talent de Croft et Sim qui ont cette facilité déconcertante pour écrire des chansons à l’évidence mélodique tel qu’Angels, une composition limpide et poignante basée sur quelques accords mais d’une incroyable efficacité quand il s’agit de vous faire hérisser les poils.
Là où le bât blesse, c’est que Coexist est beaucoup moins régulier que son prédécesseur, peut être que la donne changera avec les années comme ce fut le cas pour le premier album mais on a beaucoup plus de mal à y croire face à la morosité de certains titres trop calmes, trop amorphes et surtout sans grandes mélodies. Heureusement, c’est là que Jamie Smith entre en jeu. Après son escapade solo on attendait vraiment qu’il donne aux XX une autre dimension à leur musique, qu’il la fasse décoller vers d’autres horizons, le pari est à moitié réussi. Si des influences dubstep sont présentes tout au long du disque, on aurait aimé qu’il se lâche encore plus. On apprécie le juste dosage sur des titres comme Fiction ou Sunset qui nous donneraient presque envie de danser mais on regrette la folie parfois un peu timide comme sur Swept Away, seul titre où Jamie XX semble avoir pris des libertés avec les compostions du duo sans en vouloir en faire trop. Les 5 minutes passées, un goût d’inachevé nous reste dans la bouche et laisse place à un constat qui pourrait s’avérer être vrai pour l’intégralité de l’album.

On ne sait pas si c’est par peur de paraitre daté d’ici deux ans, de tomber dans le mauvais goût mais The XX font exactement ce qu’on attendait d’eux. Coexist est un disque sage et lisse sans aucunes excentricités mais qui tient pourtant la route pour deux choses. La première, c’est l’apport de Jamie XX qui a amené avec lui son expérience de talentueux DJ/producteur et qui propose quelques innovations bienvenues comme ce Steelpan sur Reunion qui ne manque pas de charme. La deuxième chose est toute simple. Sim et Croft sont deux grands songwriters et le prouvent encore une fois à merveille, la plupart du temps, avec des compostions pleines de grâces. Mais la grâce a toujours une fin et en restant dans leur zone de confort, le trio pourrait bien finir par décevoir ou même lasser les plus acquis à leur cause. On leur souhaite donc qu’une chose, c’est de prendre des risques  bordel. Surtout qu’on les aime d’amour ces trois emos aussi touchant sur disque qu’en interview. Alors s’il vous plait, donnons nous rendez vous dans trois ans (va pour quatre) et signez un grand album à la fois surprenant et beau. Vous avez le talent et l’inspiration pour.


Label : Young Turks
Sortie le 10 septembre 2012
5 titres en écoute à droite.

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Mercredi 12 Septembre : David Byrne & St. Vincent - Love This Giant

Sur le papier l’idée avait tout ce qu’il y a de plus excitant. D’un côté, David Byrne, pape de la scène indé New Yorkaise, de l’autre, St. Vincent, l’une de ses étoiles les plus brillantes. Cela nous a paru le plus naturel du monde quand fut annoncé ce projet, ces deux astres étaient faits pour se retrouver, eux qui ont ce goût commun pour les expérimentations sonores, celle de voguer vers de nouvelles inspirations et de bousculer leurs auditeurs.

Le premier extrait était d’ailleurs très prometteur, Who réussissait à faire cohabiter le style de chacun,  on retrouvait la guitare agressive d’Annie Clark, face à celle de David Byrne, légère et pop. Surtout, Who est un formidable single, ensoleillé et tapageur, il annonçait sous les meilleures auspices ce premier album. Les premières chansons sont d’ailleurs très convaincantes, Weekend In The Dust et Dinner For Two continuent dans la lancée du premier extrait, l’équilibre entre les deux univers est parfait et les cuivres, omniprésents sur le disque, nous emportent dans leur valse.

Malheureusement, plus on avancera dans le disque, moins la magie opérera. Cet équilibre qu’ils avaient réussi à maintenir jusque là va se rompre. Quand St. Vincent chante, elle nous fait du St. Vincent sans relief et est desservie par les cuivres qui donnent à ses compositions des allures plus que pompeuses. Finalement, c’est David Byrne qui s’en sort le mieux en proposant des morceaux plus enivrants même si l’excitation n’est pas toujours au rendez vous à l’image de The One Who Broke Your Heart, une tentative raté d’Afro Pop qui ressemble plus à un bal de kermesse qu’à de l’indie pop New Yorkaise.

Car là est peut être le principal problème, le concept de Love This Giant est d’habiller toutes leurs chansons de percussions et de cuivres, une fausse bonne idée qui finit par devenir usante au fil des écoutes mais qui s’avérera peut être intéressante en concert. Reste à savoir s’ils passeront dans notre vieux continent… Et à quel prix (ouai parce que je vais pas dépenser 50 boules pour un disque moyen)!

On était en droit de s’attendre à mieux face à une telle rencontre, Love This Giant est finalement une belle déception parcourue de quelques fulgurances ici et là mais trop peu pour garder notre intérêt tout au long du disque.


Sortie le : 10 Septembre 2012
Label : 4AD
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The Drone
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Mardi 11 Septembre : Thee Oh Sees - Putrifiers II

On n’attend jamais bien longtemps avant de revoir la frimousse des quatre Californiens. Après deux albums parus l’année dernière, Thee Oh Sees est de retour pour son énième disque et la formule n’a pas vraiment changé. Forcément, lorsqu’on enquille les disques au même rythme que les bières, on n’a pas vraiment le temps de se poser des questions sur le son et autres bullshits. Ce n’est de toute façon pas ce que l’on demande à un groupe de Garage Rock mais tout simplement de trouver des chansons bien troussées, qui ramènera à l’adolescence n’importe quel retraité en mal de rock bien rétro.

De toute façon, cette révolution a déjà eu lieu. C’était l’année dernière avec leur album Castlemania, une œuvre où se côtoyait en harmonie l’esprit hippie et punk. Un disque fou, bordélique et totalement jouissif qui se démarquait des productions du moment. Dans le genre, on n’a pas entendu mieux depuis.

D’ailleurs, Putrifiers II ne renie pas totalement son passé, on y entend quelques plages acoustiques et des arrangements plus psychés que garage (les implacables violons et les cuivres agressifs sur So Nice pour ne citer qu’eux) qui rappellent l’excellent Castlemania. Pourtant, une fois l’écoute terminée, un constat s’impose, le tout manque un peu de folie. Quand on écoute Thee Oh Sees, on s’attend à s’en prendre plein la tête mais avec seulement quatre chansons énervées, on finit vite par à avoir la gueule de bois.

Alors bien sûr l’ensemble est loin d’être mauvais, comme à leur habitude les californiens signent un disque des plus corrects qui se ballade entre les genres avec une aisance évidente. Krautrock, punk, pop… Le talent et l’empreinte Thee Oh Sees est là à chaque instant mais l’ensemble manque cruellement de fougue et de passion.

Putrifiers II  se parcourt comme une promenade en barque où quelques remous viendraient perturber notre sommeil. C'est une petite déception qui malgré tout le charme qu’il peut avoir nous laisse sur notre faim par son manque de folie flagrant.



Sortie le : 11 Septembre 2012
Label : In The Red
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The Drone
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Mercredi 5 Septembre : Diiv - Oshin / Holograms - Holgrams

Aujourd’hui on passe en revue deux albums du label New Yorkais qui ne cesse de monter : Captured Tracks. Deux albums sorti en France la semaine dernière mais complètement différents excepté dans cette quête de réveiller en nous ces glorieuses années passées.


D’un côté il y a Diiv, formé l’année dernière, le groupe a naturellement explosé très vite puisque l’on retrouve derrière ce projet Zachary Cole Smith. Lui, c’est le guitariste des Beach Fossils, un ersatz de Real Estate qui a sorti son premier album il y a deux ans. On retrouve aussi l’ex batteur des Smith Westerns, un de nos groupes chouchou de l’année dernière. De l’autre, il y a Holograms, quatre kids de la banlieue de Stockholm complètement fauchés qui, à force de s’emmerder, ont fini par sortir un album avec les moyens du bord (c'est-à-dire pas grand-chose).

Du premier album de Holograms, il en sort une urgence, une rage et une fougue que seuls les jeunes pousses semblent être capable d’obtenir sur disque. Sur le titre Monolith, qui ouvre l’album, la guitare remplit l’espace avant que la voix du chanteur ne prenne le dessus. Puissante, sale il s’amuse à mimer ses héros du Manchester prolétaire collant avec la musique qui puise ses inspirations dans les années post-punk de cette même ville. Ainsi, pendant les douze chansons qui constituent cet album, La batterie est souvent martiale et furieuse, les synthés eux sont frénétiques et agressifs. Le groupe colle avec l’esprit punk qu’ils se sont donnés et ne laisse aucun soupir à l’auditeur condamné à pogoter éternellement (du moins pendant les 40 minutes que durent l’album).
                                                     
Comparé aux Suédois, Diiv est une petite douceur pop non sans délices. Point de distorsions, les guitares sont claires et s’entremêlent avec harmonie. Adieu la voix articulée et distinctive du chanteur de Holograms, bonjour au chant vaporeux qui ne s’exprime que par de long souffles. Tandis que les premiers rappellent la grisaille Anglaise on se retrouve ici sur les plages ensoleillées de Californie. Bien que leur musique évoque l’été, c’est dans la grande époque Anglaise avec des groupes comme Stone Roses ou Ride qu’ils puisent leur inspiration. On y reconnait ce goût prononcé pour la pop atmosphérique, une musique trouble et lumineuse à la fois.

Si la leçon est à chaque fois récitée avec brio c’est aussi la limite de ces deux groupes rendant hommage au passé sans jamais faire avancer le schmilblick. On pourrait d’ailleurs reprocher la même chose à tout le catalogue de Captured Tracks qui manque encore d’un grand album mettant tout le monde d’accord ou tout simplement d’un groupe qui ne surfe pas sur les tendances mais qui la crée. Bien qu’il soit dans le haut du panier dans son genre, Oshin fait partie de ces disques qui intègre cette mouvance lancée grâce à l’avènement de Real Estate en 2009.  Une éternité en musique qui donne au disque l’impression d’arriver un peu après la guerre. Il en est de même pour Holograms qui est tout simplement le petit frère des Danois Iceage dont leur premier album est sorti l’année dernière. Bien sûr, cela n’enlève pas tout leur intérêt. Les mélodies fusent et à défaut d’avoir sorti de grands albums, ces groupes font un travail de composition remarquable. Peut être trop. Comme dans tous les groupes du label, il y a cette volonté de trop bien faire. Ils ont tendance à oublier de se diversifier à force de s’enfermer dans leurs références. Rien ne s’en dégage, on aurait presque l’impression d’être face à des disques complètement hermétique. La sensation d’avoir à peine effleuré la surface nous envahit alors que c’est finalement le contraire…

Loin de participer à l’engouement (excessif) à propos ce label, il faut reconnaître que Captured Tracks mérite cette reconnaissance éclair. En quatre années d’existence, Les mecs qui gèrent ce label auront su s’imposer dans tous les médias indés, chaque nouvelle sortie est aujourd’hui attendue avec beaucoup d’impatience. Cela, ils le doivent aux choix éclairés qu’ils ont fait jusque là en nous proposant des groupes qui jouent un rock d’anglais bien mieux que les anglais eux même. Alors bien sûr on attend encore le groupe incontournable du label mais en attendant, on se satisfait des prometteurs Holograms et Diiv, deux amours d’étés qu’on aura sûrement oublié d’ici la fin de l’année.


Sortie le : 27 août 2012
Label : Captured Tracks
En écoute dans le lecteur à droite


Route du Rock 2012 : Troisième jour.




Oh putain il fait chaud sous la tente (bis). Café (bis), galette (bis), plage (bis). Les jours se suivent et se ressemblent, on aurait presque notre routine dis donc ! Après la station radar, c’est au tour de l’excellent label Pan European Recordings de se lancer dans l’exercice du DJ Set et il faut avouer que leur culture musicale est très éclectique voir un peu What The Fuck (est ce de la K-pop que nous avons entendu à un moment ou bien… ?). Il faut bien admettre que ces DJ Set ouvrent comme il se doit les festivités, on rentre dans le bain, on nous prépare le terrain on s’y sent bien et pleins d’autres trucs rimant en «ein». Sur la plage, le temps passe vite surtout si comme nous vous récupérez de la veille. L’arrivée de Jonathan Fi(s)toussi se fera donc sans tarder. On restera très hermétique à sa musique électronique et expérimentale basée sur des boucles et des sons très abstrait. Comme personne n’est réellement convaincu, on décide de partir plus tôt car il n’est pas question de louper Cloud Nothings qui a peut être signé l’album de l’année. Après une petite douche sur la plage (beaucoup moins blindée que celles du camping. Vous aurez remarqué que ce live report ressemble un peu aux astuces malignes de Panda Panda !), direction la navette. C’est toujours un plaisir pour rejoindre le point de rendez-vous de déambuler dans Saint-Malo, une superbe ville historique grouillant aussi bien de festivaliers que de touristes. Enfin surtout de touristes ce jour-là puisque ce sont seulement 2 000 personnes qui se seront déplacés le dimanche. L’absence de groupes Anglais et peut être la clôture des J.O (avec concert de Blur et tout et tout) auront peut être poussé les Britons à rentrer plus tôt chez eux. Tant pis pour eux car cette soirée va remonter le niveau d’exigence que l’on avait connu les deux années auparavant à La Route du Rock.

On débarque pour Cloud Nothings programmé décidément beaucoup trop. Un groupe envoyant autant de pâté et de steak aurait mérité de clôturer le festival (ouai carrément). Bien que Dylan Baldi ai déjà deux albums et une excellente compil d’inédits à son actif, le groupe privilégiera Attack On Memory en nous jouant les 8 chansons qui le compose pour notre plus grand plaisir. A l’image de l’album, on retombe dans les années 90 avec leur grunge parfois noisy. Si on regrette que la voix soit un peu en retrait, comment ne pas tomber sous le charme de ses compositions incisives et rageuses. Wasted Days finira de nous achever, longue d’une dizaine de minutes, Dylan Baldi et ses potes vont faire monter la pression avant de terminer dans une explosion sonore. Enfin, le parfait No Future/No Past clôturera ce concert qui restera un des meilleurs souvenirs de ce festival.

C’est au tour de Stephen Malkmus de rentrer sur scène avec ses Jicks. Aussi légendaire pour sa musique que pour sa coolitude, il ne démentira pas cette réputation en blaguant avec l’assistance (on pense en particulier à son claviériste appelé Jean Michel Jarre durant la totalité du concert). L’ambiance est donc à la cool, parfait pour jouer ses chansons ensoleillées et décontractées rappelant le style de Pavement. Bien sûr les Jicks n’ont pas leur mais le spectacle vaut le coup et le dernier album produit par Beck est parfaitement retranscrit. Alors que le soleil se couche on se laisse emporter par ce concert au capital sympathie énorme.

Le soleil tombe et on appréhende la suite. En effet, on a beau aimer Chromatics, leur électro/pop nonchalante et lascive allait elle réussir à exciter la foule? La réponse est un grand oui. Mieux ils vont la galvaniser, elle qui était jusque-là bien timide. Sur scène, ce groupe originaire de Portland (comme Stephen Malkmus & The Jicks) livre une musique synthétique excitante aidée par une basse bondissante. La chanteuse Ruth Radelet reste sur le même credo, sexy et nonchalante, sa présence illumine la scène. En fait, on aurait bien aimé qu’ils clôturent le festival eux aussi tant la foule a été conquise par leur prestation cadrée et envoûtante. Encore un gros coup de cœur.

En attendant la tête d’affiche de la soirée, on va reprendre des forces au bar, la fatigue pointe son nez, et il faudra bien une bière pour être au taquet devant Mazzy Star. Alors oui, c’est un groupe mignon mais après l’enchaînement vivant et excitant que l’on vient de vivre avions-nous vraiment besoin de ça? Qu’importe le groupe est là, Hope Sandoval, déjà venue en solo il y a quelques années, connait bien les lieux et attaque les festivités. Le concert sera un enchainement de ballade folk/rock assez sublime (Fade Into You) car en peu de disques, Mazzy Star aura tout de même marqué son monde. Seulement voilà, le concert manquera de passion et de folies, excepté quelques fulgurances électriques, la musique bercera les festivaliers. Tellement bien que Panda Panda s’endormira dans l’herbe… Shame on Me. Bobbie Rambo et Bobby Love partis devant reviendront content sans tomber en extase devant ce groupe qui n’avait peut-être pas sa place ici en tant que tête d’affiche, un groupe sûrement trop cher pour ce qu’ils ont à proposer.

Après cette petite sieste qui nous aura tout de même bien remis d’aplomb, Colin Stetson envahit la scène de la tour avec son saxo baryton. On est bien curieux de voir ce que proposera le monsieur sur scène qui a déjà tourné avec les plus grands (Bon Iver). Musicien réputé, Stetson est capable de souffler en continu dans son instrument. On ne sait comment il est capable de sortir tous ces sons à lui seul mais la technique est impressionnante. La technique… Parce que musicalement putain, ce concert est une vraie purge. S’il arrive à se trouver une audience, on restera complètement hermétique face à ce concert trop mou, trop chiant et trop tout ce que vous voulez. On partira avant la fin pour ne pas louper une miette de The Walkmen qui vient de sortir un énième grand album. Il y a déjà un peu de foule, on se colle aux gens pour se réchauffer un peu (il commence à faire frisquette !).

La Route et The Walkmen c’est un peu je t’aime moi non plus, cela fait depuis 2004 que les programmateurs essaient de les faire venir sur leur terre. Il aura donc fallu attendre 8 ans pour que les New Yorkais pointent le bout de leur nez et on ne sera pas déçu. Après une introduction magique sur Line By Line, le groupe déboule et balance Heaven, dernier et grand single à découvrir sur l’indispensable album du même nom sorti cette année. La foule commence à bouger son popotin et ne s’arrêtera qu’à de rares moments. Conscient de l’heure tardive, le groupe privilégiera une setlist vivante au détriment des ballades et c’est tant mieux même si l’on regrette l’absence de morceaux chers à notre cœur (four provinces pour ne citer que lui). Alternant principalement entre les deux derniers albums, on est frappé par la classe et l’élégance du groupe. Leurs compositions semblent intemporelles et la voix de Hamilton Leithauser est toujours aussi incroyable. Eraillée, puissante, son chant nous impressionne toujours autant malgré toutes ces années. Amoureux, comment ne pas regretter leur départ qui nous parait si hâtif. On aurait bien redemandé une heure de prestation à la place de Hanni El Khatib chargé de nous achever. On espère qu’une chose, c’est qu’il ne faudra pas attendre encore 8 ans avant leur prochaine venue.

A la base on n’est pas un grand fan de l’Américain qui re-re-re-revisite le rock garage et qui a sorti un premier album complétement anecdotique. Le mec finira par nous saouler complètement. Le trio, qui semble plus soigner son look que ses chansons, nous livre une soupe mainte fois entendue. La fosse a perdu 10 ans de moyenne d’âge et se démène comme un beau diable, peut être sommes-nous tout simplement plus dans le coup ? Naaaannn c’est les jeunes qui ont des gouts de chiottes ! Si le groupe ne manque pas d’énergie on est un peu atterré face au succès de cet homme qui n’a pourtant pas grand-chose pour lui. Les chansons se suivent et se ressemblent. Bref on s’emmerde et le festival se finira sur un concert très mitigé.

Mitigé, c’est aussi le mot que l’on emploiera pour définir cette édition. Ce n’est pas de la déception puisqu’en voyant la programmation, on se doutait que certains concerts n’allaient pas nous emballer et au vu de la fréquentation catastrophique cette année, beaucoup semblent avoir eu le même sentiment. L’organisation était pourtant au poil cette année mais on aurait aimé que les deux premiers jours soient comme le dernier. Vivant, festif, rock, dansant et jovial… On espère que cette programmation, qui n’aura pas connu le succès escompté, forcera les programmateurs à retenir la leçon et les poussera à chercher des groupes talentueux, excitants et vivants. Ils devront aussi se faire à l’idée que certains artistes n’ont peut-être pas leur place dans un festival ou du moins faudrait-il limiter leur nombre et ne pas proposer en majorité des groupes réputés calme sur scène (l’équilibre était par exemple parfait le dimanche). Heureusement pour eux, les festivaliers de la route du rock comptent de nombreux fidèles dont moi. Bien que la programmation fût beaucoup moins alléchante, on n’a pas hésité à venir car la route reste un festival exigeant qui cherche à proposer aux auditeurs des musiques innovantes quitte à prendre des risques. Et mine de rien, face à de nombreux festivals qui font nawak niveau prog, la route devient une perle rare. Le lendemain, on prépare nos affaires, on récupère celles de bobbie rambo partie dans la nuit prendre son avion à Paris et on lâche un dernier regard sur le camping : "au revoir la route, à l’année prochaine, on t’aime bien quand même, des bisous".