JOUR 1 : Voyage au bout du paradis.


On est jeudi, il est 8h et Porto nous accueille avec un grand soleil. En attendant Dirty Bobby, Sacré Bobby et Bobby Love (qu’on appellera par la suite DB, SB et BL pour la faire courte), on part récupérer les clés de l’appart qui se situe à 15 minutes du site du festival. La corvée faite, on en profite pour se balader dans cette magnifique ville pleine de charme. La journée avance et on comprend très vite pourquoi Primavera a choisi Porto pour lancer la mini édition du festival Barcelonais qui se tient une semaine avant. Le soleil! On avait quitté Paris sous la pluie, on se retrouve sous des températures plus qu’agréables à déambuler dans ce havre paradisiaque. Les heures défilent vite, fatigué par cette journée de marche en mode pleine bourre, on rentre à l’appart. On a à peine le temps de faire des courses (pour l’apéro!) que les Bobbies déboulent. Ni une, ni deux on attaque la vodka histoire de se mettre en jambe. Il est déjà 17h30 et les festivités commencent dans une demi-heure avec Guadalupe Plata, un groupe inconnu originaire d’Espagne. Mais les Bobbies sont des Poppies, on décide donc de prendre le temps histoire de lister nos plus grosses attentes pour ces trois jours qui s’annoncent d’ores et déjà épique.

BL :
Il décide de privilégier les groupes qu’il n’a encore jamais vu excluant les DJs qui sont cools mais qui ne savent pas trop jouer de la guitare dixit l’intéressé.
5 – Local Natives (dont il n’a pas aimé le dernier album) et Grizzly Bear (déjà vu mais ce fut une claque).
4 – Dinosaur Jr.
3 – Blur.
2 – My Bloody Valentine.
1 – Deerhunter.

SB : 
5 – Liars et James Blake.
4 – Deerhunter dont il espère que ce sera un voyage au bout de l’enfer (Clin d’œil au film de Cimino inside).
3 – Fuck Buttons pour tripper dans les étoiles.
2 – Dan Deacon qu’il a déjà vu mais c’est trop cool.
1 – Blur : "On va pas jouer au pédant indie".

DB :
5 – Metz parce que c’est rock’n’roll.
4 – Four Tet pour le côté électro qui bouge.
3 – Fucked Up conseillé par le directeur artistique des 3 éléphants (s’il vous plait !).
2 – Dan Deacon parce qu’on lui en a parlé en bien (on parie sur SB).
1 – Liars parce que c’était cool au Pitchfork Festival.

Panda Panda :                   
5 – Titus Andronicus / Metz parce que ça va être rude en live.
4 – Liars parce que c’était trop cool au Pitchfork Festival
3 – Dinosaur Jr. Parce qu’ils ont été un vrai contre pied à Michel Sardou dans les années 90 (la vodka faisait déjà son effet apparemment).
2 – Swans pour la tempête qu’ils vont provoquer dans notre tête (©SB).
1 – Blur pour danser sur leurs nombreux tubes.
Bon c’est pas tout ça mais avec ces conneries il est pas loin de 20h quand on débarque sur le site. Y a des flics partout, ça fouille, ça fait la queue pour le précieux sésame mais c’est fluide. En plus du bracelet, on nous refile une carte que l’on bip à l’entrée mais dont on n’a toujours pas compris l’utilité. Sur la partie bétonnée les stands sont nombreux, ça va du salon de tatouage improvisé, aux distributeurs (précieux) de billets, il y a des vendeurs de tout et n’importe quoi et même un stand où il faut tourner une roue… Bref, on s’en fout ce dont on a besoin c’est d’une bière, et des stands de bières il n’en manque pas. Approvisionné par des citernes, le bar ne connait jamais la panne sèche pour notre plus grand plaisir. Et là PAF! 3,5 euros la pinte de Super Bock! On a beau avoir baroudé dans un paquet de festival, 3,5 euros la pinte de bière ça frôle l’indécence! C’est un grand sourire sur les visages que l’on avance vers la scène, un sourire qui ne va jamais se dissiper. L’organisation est bien huilée, des filles filent des progs bien foutues et des sacs se transformant en nappes à carreaux (c’est choupi) mais l’extase arrivent lorsqu’on voit le site où sont implantés les scènes. Ce sont des étendues d’herbe fraichement coupée qui nous accueillent, il y a des arbres et des bosquets partout et chaque scène se situe dans creux. En gros, quelque soit l’endroit où vous êtes vous verrez toujours bien. Vous voulez vous allonger au fond ce n’est pas un problème. Vous y verrez et entendrez aussi bien que ceux agglutinés en plein milieu de la fosse. En gros, Optimus Primavera Sound c’est le paradis du festival et ce sentiment ne s’estompera jamais en trois jours.
Sur nos petits nuages on s’assoit pour assister au concert de Wild Nothing, alors que le soleil se couche doucement, on ne pouvait rêver mieux que la pop belle et légère de l’Américain qui nous évoque tour à tour The Smiths et New Order. Depuis le temps qu’il tourne il faut dire que son set est très pro, les guitares claires et les synthés mélodiques sont bien en place. Wild Nothing est la petite sucrerie idéale qui nous fait oublier le temps pourrave Français et qui nous permet de rentrer une bonne fois pour toute dans ce festival pour ne plus le quitter.

Il est déjà 21h, lorsque Jack Tatum finit, on file donc à la scène Optimus situé à deux pas (sans déconner hein, à la limite tu peux regarder les concerts depuis la scène Super Bock) pour assister au concert des Breeders qui jouent Last Splash dans son intégralité. Parce que Last Splash ça a 20 ans mine de rien et il faut avouer que le disque n’a pas pris une ride à contrario des sœurs Deal un peu dépassées ce soir là.  Tout ça est bien sympa mais c’est là qu’on voit la limite des tournées anniversaires où le groupe se contente de jouer un unique album. On s’emmerde, ça manque un peu de surprise, de folie. On assiste à ça comme si on allait au musée, c’est pas l’éclate quoi. Quand en plus le groupe le joue dans l’ordre du tracklisting… C’est encore moins fun. Surtout que Cannonball, gros tube en puissance, est la deuxième chanson du disque. Une fois passée ce moment on regarde ça un peu désintéressé en se disant que finalement Last Splash est un bon album mais pas non plus un chef d’œuvre qui mérite qu’on lui consacre une tournée. On préférerait que les Breeders reviennent avec un nouvel opus plutôt que ce genre de tournée qui les rend plus vieilles qu’elles ne sont déjà. Qui plus est, Mountain Battles, leur dernier album qui date de 2008 était plus que sympathique.

22h10 et c’est d’autres dinosaures qui déboulent mais là on ne connait pas trop. Dead Can Dance a eu son heure de gloire quand on n’était pas encore né, un groupe qui était à part à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui. Une heure durant on aura le droit à une musique baroque et mystique. On y voit là dedans une bonne BO pour un drame qui aurait pour cadre un pays oriental. On n’est pas loin du chant lyrique ce qui n’est pas une mauvaise chose mais ça manque un peu d’énergie et il faut dire que ça ne bouge pas beaucoup sur la scène, on finit donc par s’endormir…

Cette petite pause à été finalement parfaite pour accueillir la tête d’affiche de ce soir. Nick Cave And The Bad Seeds ont encore sorti un excellent album cette année mais il faut avouer qu’on avait un peu peur que ça se traîne le cul sur scène. Que dalle. Nick arrive, il est déchaîné, ça boogie woogie même quand ça s’y prête pas mais c’est pas grave parce qu’il a toujours la classe. Nick Cave est un grand showman, un grand leader qui peut se permettre de détacher son nom du reste du groupe. Quand aux musiciens, ils sont carrés et arrivent constamment à dégager une fièvre furieuse sur tous les titres. Il y a juste ce qu’il faut de déchéance et de bestial sans trahir les compositions grandioses. On est vraiment épaté par le groupe mais il est déjà temps de les quitter parce que à côté faut pas déconner : y a Deerhunter!

Bon ok je suis amoureux de Deerhunter mais on se méfie un peu après le concert moyen donné au Trianon la semaine passée. Le son n’était pas tip top et on n’avait pas pris la claque espérée. Cependant, on se laisse traîner devant par BL, grand amoureux lui aussi de Bradford Cox et qui fait sa grande première avec le groupe. Débutant sur le classique duet Cover Me/Agoraphobia les choses sérieuses commencent avec Neon Junkyard. L’entrée brutale de leur excellent dernier album le sera tout autant ici. D’entrée on est frappé par le son plus puissant et plus clair qu’il y a une semaine. Le groupe est précis mais aussi sauvage. A partir de là, ils ne vont plus lâcher l’auditeur à quelques exceptions lorsqu’il s’agit de balancer des mélodies désarmantes. Le groupe se concentre sur une setlist incisive, ça pioche un peu dans quelques titres entêtants de Haclyon Digest mais on reste principalement sur Monomania et ses bombinettes garage. Au fur et à mesure que le concert avance on est réellement transporté par la foule, les minutes défilent et quand le trio final Sleepwalking, Back To The Middle, Monomania déboule, le public est en extase et nous aussi. Quel déferlement de guitares, quelle envie qui transpire sur nous, on est aux anges. On aurait voulu en avoir plus bien sûr mais Deerhunter, bien que très respecté, n’a pas encore le droit à la grande scène et aux sets étendus pour notre plus grand regret. On a transpiré, on a gueulé des mono-mono-mania on était fou, on était heureux et conquis, le concert à n’en pas douter du festival.

James Blake à la lourde tâche de passer après Deerhunter et de clôturer la soirée. Mission impossible pour l’Anglais qui doit nous sortir de notre gueule de bois après la folie provoquée par Bradford Cox et sa bande. Pourtant le talent est là. Son concert est très pro et réussi à rejouer à l’identique ses morceaux studios mais cela ne suffit pas. On est un peu embêté par cette trop grande professionnalisation justement. Il y a quelque part quelque chose de trop carré, de trop froid qui ne retranscrit jamais les chansons désespérées de ses albums et les émotions qu’on peut ressentir à l’écoute. On s’ennuie un peu finalement devant son set certes sympathique mais d’on on attendait forcément plus… James Blake est de ces artistes sympa à voir au moins une fois mais passé l’effet de surprise, il ne reste plus grand chose hélas, pour vibrer.

La première soirée est courte, Il est 4h et on doit déjà retourner à l’appart. Installé autour d’une bière, il est temps de demander l’avis aux Bobbies de ce qu’ils ont pensé de cette journée. Voici une retranscription plus ou moins fidèle, raccourcie et fortement censurée.

Wild Nothing :                             
DB : J’ai adoré ce couché de soleil, parfait pour l’apéro.
SB : Rien n’est sauvage.
BL : Seul Deerhunter valait le coup, s’il y avait un seul concert à retenir c’était Deerhunter, mais genre loin loin loin devant les autres.

The Breeders :
DB : Je suis partis me maquiller et me faire offrir de la crème glacée (j’ai loupé ce stand qui est je ne sais où mais oui, tout est possible au Primavera).
SB : Pareil que DB.
BL : Naze, je retiens Cannonball mais ça me rappelle quand j’avais seize ans.
Note : En gros, il veut dire que c’est de la musique qui lui rappelle le lycée ce qui est bien mais ses goûts ont évolué depuis, ça a quelque chose de nostalgique. Enfin c’est ce que j’ai compris…
J’ai retenu que Deerhunter de toute façon, c’était la grosse claque de la soirée, de l’année même.

Dead Can Dance :
DB : Je m’en rappelle même pas.
BL : Je préfère Manau.
SB : Oh putain les gars vous êtes durs, ça va pas finir sur un blog cette phrase quand même (hé bien si) on pourrait te tuer pour moins que ça.
DB : Non non il a raison, c’était hyper moche.
SB : Non c’est pas hyper moche, en fait ça a un son bien particulier.
PP : Du coup tu dis quoi ? Même les morts peuvent danser dessus ?
SB : Même les morts peuvent danser dessus. Non mais ils ont fait une super reprise de Tim Buckley à la fin.
Ensuite ça part en cacahuète sur Dead Can Dance, ça parle de du loup du renard et de la belette, de prendre le porto en photo et de manger des trucs bizarres…

Nick Cave And The Bad Seeds :
BL : Il était mieux avec sa moustache et c’est tout.
PP : J’ai pensé la même chose il avait plus la classe avec.
BL : Meilleur concert de 1996.
SB : Bah Dead Can Dance on peut dire 86.
DB : C’était bien de loin, c’était pêchu.
SB : Franchement je dormais.
                         
Deerhunter :
PP : On arrive au fond du truc.
BL : Magique, épique et pleins de rimes en « ique ». Pour être sérieux, c’est mon meilleur concert depuis Arcade Fire en 2007.
DB : OH! non non non non non…
BL : Si.
DB : Hein? Quoi? Deerhunter? Arcade Fire? Arrête de te branler dans la mousse toi!
SB : Faut arrêtez à un moment quand même.
DB : C’est quoi ce délire mais arrête…!
Grosse aparté encore une fois, ça parle d’Arcade Fire et de bains moussants
DB : Deerhunter c’est cool mais ça vaut pas  Arcade Fire.
PP : Outre cette comparaison ?
DB : Claque de la soirée.
SB : Ce soir c’était voyage au bout du paradis.

James Blake :
DB : C’est mou du cul
BL : « So 2011 »
PP : SB? Y a de la place, tu peux le défendre.
SB : Le crooner rencontre le dubstep.
BL : Oh c’est beau.

La soirée s’achève sur les filles peu nombreuses au goût de SB mais fort jolies, du fromage qu’ils ont bouffé en entier pendant que je notais leurs conneries et de Deerhunter bien sûr qui aura finalement mis tout le monde d’accord, même si les comparer à Arcade Fire, c’est fort de café!

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