JOUR 3 : This is the End...

On ne peut pas dire qu’on aura foutu grand-chose de notre journée. Couché 7h30, levé en début d’aprèm, Dirty Bobby sort les bouteilles dès le levé pour accompagner le repas (voilà pourquoi il s’appelle Dirty…) qui consiste à de simples pâtes. S’ensuit un début d’après midi pas du tout productif où l’on regarde des clips en passant des musiques débiles (Le mix du clip Prophecy de Soulfly avec la musique de Tata Yoyo d’Annie Cordy est priceless…). On trouve tout de même le courage de mener une brève excursion sur la plage mais on retiendra surtout cette déambulation fascinante entre les nombreux bâtiments abandonnés dans le quartier. Décidément, les jours se ressemblent. Comme d’habitude, on finira à l’appart pour prendre l’apéro. Et ouai.


Sur les coups de 20h on se décide de bouger avec BL pour aller voir les légendes vivantes de Dinosaur Jr., un des rares groupes à avoir réussi son come back au début des années 2000 avec trois albums indispensables où l’on peut entendre une rage et un désespoir adolescent intacts même après toutes ces années passées. Il en est de même lorsqu’on les voit sur la scène Optimus. C’est véritablement un concert à l’ancienne qu’on a le droit de voir. Devant le grand drap, déployé comme toile de fond, représentant la pochette de leur dernier album, J Mascis remue sa tignasse grise au rythme de sa guitare. Pas loin de la cinquantaine, le garçon semble sortir tout juste de l’adolescence avec cette énergie qui se dégage à chaque instant. Lou Barlow n’est pas en reste et donne l’impression de voir un jeune homme déchainé sur scène. On est amusé de voir des hommes (oui c’est pas très girly comme concert) de 50 à 20 ans prendre tous autant leur plaisir face à cette musique qui réveille l’esprit du rock Américain des années 90 avec ces solos incroyables qui n’ont pas pris une ride. Trip nostalgique pour certains, voyage dans le temps pour d’autres, Dinosaur Jr. entame notre journée d’une bien belle manière. Le pompom, c’est le chanteur de Fucked Up, un grand malade qui viendra donner de la voix sur un dernier titre joué dans l’urgence.
On retrouve DB et SB l’espace d’un instant pour se donner rendez-vous à l’ATP afin d’assister au concert de The Sea And Cake et on part chercher avec BL des clopes non sans faire un détour par la scène Pitchfork voir L’Hereu Escampa. Des trois jours, ce sera le seul groupe ibérique qu’on verra. Ils étaient plutôt nombreux mais étaient tous programmés en début de journée. Il faut avouer que les festivaliers habitants hors d’Espagne et du Portugal ne viennent pas pour eux et on le constatera rapidement en voyant une vingtaine de personne bouger aux sons des deux Barcelonais. Pourtant il y a du cœur à l’ouvrage mais le tout est quelque peu brouillon, L’Hereu Escampa souffre de la comparaison avec Japandroids, dont il se rapproche. Les moyens ne sont pas les mêmes. Les Canadiens ont un mur d’amplis derrière eux, tandis que le guitariste/chanteur doit se contenter d’un… Forcément c’est pas pareil. Néanmoins ce rapide passage donne envie d’en voir plus. Du coup on a téléchargé leur dernier album sur leur bandcamp (prix libre), à voir si ça tient sur la longueur...
A cause de cette petite pause improvisée, The Sea And Cake a déjà commencé lorsqu’on débarque dans la clairière (oui la scène ATP est dans une clairière, si c’est pas magnifique). Groupe mythique des années 90 de la scène de Chicago, on connait que Runner, un album sorti l’année dernière mais qui était plutôt réussi. On retrouve en live la même ambiance que sur disque. La musique est apaisante et radieuse. Le groupe oscille sans cesse entre ballades champêtres et compositions plus rythmées évitant de sombrer dans l’ennui. Au contraire, on est charmé par les Américains qui nous envoient les derniers rayons de soleil de la journée. On ressent en eux une force tranquille, une maitrise totale de leur set qui fait plaisir à voir. Seul ombre au tableau, l’incapacité de retrouver le sosie vocal du chanteur qui doit avoir un double ayant sévi dans les années 80. Malgré une concertation avec les Bobbies, impossible de remettre la main dessus.

A ce moment de la soirée on décide encore de se séparer. Pendant que SB et DB vont voir Explosions In The Sky, on décide d'assister avec BL à la prestation de Daughn Gibson puis de White Fence.
Erreur fatale! On aime beaucoup l’album de Daughn Gibson et on a hâte d’écouter le prochain mais en live c’est une autre histoire. Le son était tout simplement exécrable (première fois du festival) mais ne semblait pas gêner les musiciens qui donnaient le minimum syndical sur scène. On se demandait d’ailleurs s’ils avaient pris la peine de répéter vu que rien ne sonnait proprement. Alors que l’album est un voyage nocturne assez fascinant sur les routes sans fin de l’Amérique profonde, ce concert n’évoque rien, sûrement le pire reproche qui peut être fait à une prestation.

On retourne donc à l’ATP pour voir White Fence et tandis qu’on s’approche, on entend au loin Catastrophe And Cure d’Explosions In The Sky, frissons. Surtout que l’on n’arrive pas à n’importe quel moment. Non, on arrive au passage intervenant au bout de 4 minutes sur le disque soit le meilleur moment, de leur meilleure chanson, de leur discographie. Si c’est pas beau ça! L’instant magique passé, on arrive à la scène en même temps que Tim Presley, leader incontestable de White Fence. Bien que le dernier disque ne soit pas à la hauteur de nos attentes, on était curieux de le voir à l’œuvre puisqu’il reste tout de même une des figures importantes du revival garage de San Francisco. C’est toute une armée de guitariste que l’on voit devant nous, malgré leur nombre conséquent (3 ou 4 ?) le son n’est jamais bordélique, pas comme l’autre clown de tout à l’heure. Sur scène, le groupe est fidèle à la scène Garage, ça envoie des titres courts et incisifs ponctués de solos psychés plus ou moins longs. On pourrait croire que tout ça est improvisé mais on a du mal à croire que ce sont de vrais glandeurs que l’on a devant nous. Loin de là, ces gens maitrisent leurs instruments et déploient une fausse folie par laquelle on se laisse berner. Revers de la médaille avec la musique Garage, après une demi-heure la lassitude finit par nous gagner. N’est pas Thee Oh Sees qui veut…

On est pressé de revoir Liars après leur concert inoubliable au Pitchfork Festival d’une violence inouïe malgré l’absence de guitares pendant quasi tout le set. Cependant, on décide de faire un rapide détour pour apercevoir le Girl Band Savages qui nous avait convaincu mais sans plus à La Route du Rock l’année dernière. On ne sait pas si c’est le fait de voir de nuit ou d’avoir écouté l’album depuis mais on est épaté par la présence de Jehnny Beth qui commence réellement à développer une certaine aura. Le groupe est carré, le set est on ne peut plus nerveux, tendu et urgent. Ce soir là quelque chose est en train de se passer sous la tente Pitchfork mais comme Melody’s Echo Chamber hier, nous décidons de partir après quelques chansons pour voir Liars,  promesse d’un grand moment.

Oui mais non… Là ça ne va pas du tout. Par où commencer, peut être par le fait que le groupe a joué beaucoup de nouveaux titres inconnus au bataillon qui ne permettait pas de pénétrer dans leur bulle? Il faut aussi préciser que le groupe a décidé d’abandonner définitivement les guitares, pourquoi pas, le résultat était plus que probant et énergique à Paris l’année dernière mais pourquoi diable s’était mou comme pas possible à Porto? Malgré les hochements de têtes du chanteur qui tentait de nous faire croire l’inverse, on n’était pas dupe face à la mollesse du concert. Et puis on aime bien leur dernier album électronique là, mais les précédents étaient eux aussi excellent sinon plus, alors POURQUOI ILS NE JOUENT PRESQUE PAS DE VIEUX MORCEAUX? On avait laissé un groupe punk je m’en foutiste on retrouve trois bonshommes arty, plats et chiants. A oublier et vite.

Et quoi de mieux qu’un Dan Deacon ou My Bloody Valentine pour cela? Le choix est rapide, tandis que BL et moi restons pour voir les inventeurs du Shoegaze, DB et SB partent faire la chenille et autres galipettes avec le frappé mais génial Dan Deacon. En choisissant la formation culte Irlandaise, nous prenons un risque. Depuis leur reformation, les avis sur leurs concerts divergent énormément entre monument et monstruosité au point de percer les tympans. My Bloody Valentine sont réputés pour jouer très fort, nous décidons donc de rester en retrait sur le haut de la colline en espérant que leur musique ayant un aspect vaporeux ne devienne pas léthargique sur scène. Lorsque résonne les premières notes de I Only Said nous sommes tout de suite rassuré. Certes, le son est fort mais loin d’être mou, brouillon ou quoique ce soit, non, le son est tout simplement puissant et clair, une claque! Malgré le déferlement de guitares, nous entendons chaque nuance rendant honneur à la grandeur du songwriting de Kevin Shields. Peut être aurions pu assister au meilleur concert du festival si seulement les voix n’étaient pas aussi noyées par les guitares. Il est vrai que sur album le chant a toujours été en retrait mais là on lui a carrément coupé le micro. Si l’on entendait encore les murmures de Bilinda Butcher, la voix de Shields était transparente. Cela n’a pourtant pas suffit à gâcher notre bonheur, arrivé à la cinquantaine, le groupe continue à passionner les foules avec un son différent et une collection de grandes chansons assez impressionnantes. On soulignera aussi que c’est un des rares groupes à être munie d’une scénographie un tant soit peu recherché (un grand écran projetait des images psychés qui se mariaient très bien avec la musique). Quand à leur fameux mur du son réputé pour son volume sonore à limite du supportable, il s’est révélé, du haut de la butte, fascinant et étonnant. Tout simplement, My Bloody Valentine a été un grand moment de rock, une leçon pour tous les groupes de shoegaze actuel. Avec sa moyenne d’âge s’élevant à la cinquantaine, My Bloody Valentine reste un maitre dans le genre.

Fallait bien qu’on aille manger après toutes ces émotions, on retrouve donc les autres Bobbies pour une pause goûter mérité, depuis la table on entend la musique sortant de la scène Pitchfork et on se dit que c’est bizarre quand même, on dirait que Fucked Up fait de l’électro. Normal, les horaires avaient changé et nous n’étions pas au courant, les concerts étant raccourcis pour une raison inconnu c’est donc The Magician qui est à l’œuvre. Ignorant que les horaires étaient décalés on oublie donc la présence de Headbirds qui passe en même temps à l’ATP et c’est bien dommage car rien n’aurait pu être pire que ce qu’on a vu. Stephan Fasano, ex-Aeroplane est à peu près tout ce que je déteste dans la musique électronique. On peut admettre que son célèbre remix de I Follow Rivers de Lykke Li reste efficace bien qu’il tue toute émotion et qu’il soit très pute mais là… De 3h20 à 5h, "The Magician" se contente d’accélérer des titres connus histoire de minimiser la prise de risque. Le summum de la soirée vient quand il passe Get Lucky de Daft Punk, c’est un succès dans la fosse mais on rigole doucement face à la fainéantise du mec qui est devant nous. Alors que le soleil se lève doucement, l’escroc fait ses adieux en lançant une baguette magique dans la foule. Une envie de mettre des claques me prend. Après avoir fait planté les platines (la faute à The Magician ou son successeur?), on finit dans la bonne humeur avec DJ Coco initialement programmé au Hard Club où se déroule les afters de 6h à 11h du matin (gratuit pour les festivaliers, mais on n’y est pas allé, c’était trop loin). DJ Coco c’est un peu la même chose que quand Luz joue au DJ, on n’a pas vraiment le droit à des remix mais plutôt à une succession de bonnes chansons rock. Ca passe des Stooges à Daft Punk (et oui encore), on revisite 50 ans d’histoire rock dans la joie et la bonne humeur. 

D’ailleurs tout le staff est sur scène, aussi heureux d’être là que nous ici. L’organisateur file des bières, lance son pass, il y a des cotillons, c’est la fête. Nous fêtons ensemble la fin d’un festival extraordinaire qui aura accumulé les bonnes notes. Lorsque la musique s’arrête, les derniers résistants s’en vont tranquillement, on regarde une dernière fois derrière nous le site magnifique éclairé par les premiers rayons de soleil de la journée. La nostalgie ferait presque déjà son effet, conscient d’avoir fait le meilleur festival qu’il m’ait été donné de faire dans ma vie. On notera bien quelques défauts, comme une programmation beaucoup moins riche que celle de Barcelone (le prix est deux fois moins cher aussi). La programmation électro qui n’était pas géniale en fin de soirée et le reste étant très axé rock 90’s. Il manquait cette année de groupes plus pop et plus actuels mais honnêtement, on y allait en connaissance de cause et jamais on a trouvé le temps long sur le site.


Doucement nous rentrons vers l’appart, il est 8h mais nous ne sommes pas fatigués, les quelques bières qui restent dans le frigo sont une bonne excuse pour rester éveillé un peu plus longtemps et d’évoquer avec les trois Bobbies cette troisième et dernière journée ainsi que de faire un bilan du festival.

PP : Allez! La réunion est ouverte!
Le bruit d’une canette de bière qui s’ouvre résonne…
                    
Dinosaur Jr :
BL : Trop génial! Je suis pas déçu de mon top 5 pour le moment j’ai vu assez juste.
PP : Dinosaur Jr. ça envoyait du pâté.
SB : On a vu juste la fin avec le gros barbu.
BL : Bah le début c’était bien.

The Sea And Cake :
SB : La mer et le gâteau c’était classique mais c’était bien fait.
BL : C’était choupi.
PP : C’était poppy.
DB : Attendez vous parlez de quoi?
PP : De The Sea And Cake.
DB : Ha ok on va parler de ça.
Moment de silence
PP : Houla attention il va y avoir débat là…
Moment de silence
SB : Bah vas y balance!
BL : Mets tes couilles sur la table!           
DB : C’était une jolie claque.
PP : C’était une jolie claque? Tu nous fais attendre 2 minutes pour ça?
DB : Attend! Attend! C’était une caresse… Musicale. C’était une caresse…
PP : Il est en train de piquer tes mots Bobby Love.
SB : Il serait pas en train de se branler dans la mousse?
BL : Il se branle carrément dans le pâté là, si j’étais chroniqueur chez les inrocks je dirais qu’ils arrivent à distiller une pop soyeuse et satinée.
DB : C’était un peu une ouverture de printemps.                                                           

Daughn Gibson :
PP : Et qui est allé voir Daughn Gibson?
BL : C’était nul!
PP : Qui s’est fait chié devant Daughn Gibson? Tout le monde.

 White Fence :
PP : White Fence c’était cool mais fallait pas plus d’une demi-heure parce que c’était un peu répétitif.
BL : C’est le problème du garage un peu.

Explosions In The Sky :
SB : La grosse sensation de la soirée, des montagnes russe dans l’émotion…
DB : Un vrai coït !
SB : Voilà, de la subtilité, des guitaristes beaux comme le monde, de la puissance sonore.
BL : Est-ce que ça t’as caressé le tympan ?
SB : Ca m’a caressé le tympan, c’était moins puissant qu’un Mogwai mais ça reste dans mon top 3 des groupes de Post Rock.
SB se fâche croyant qu’on discrédite tout ce qu’il dit parce qu’on rigole, longue négociation pour l’apaiser. Pendant cet entretien de 35 minutes il se fâchera dès qu’on mentionnera Explosions In The Sky d’ailleurs.
DB : Est-ce que tu connais oui-oui ?
Moment de silence
PP : Oui-oui ? Le groupe de Michel Gondry ?
SB : Tu parles de oui-oui le personnage animé ?
DB : Oui!
SB : Oui et donc tu voulais dire quoi après ça ?
DB : Tu vois ?
PP : oui oui.
DB : Ce qu’on a vu là? Il aurait pu faire la B.O.
PP : De oui-oui? Ha je vais mettre ça sur mon blog ouai, avec les mots de SB ça va être bien tranchant.

Savages :
PP : Mon regret de la soirée…
BL : Ca envoyait du gros pâté.
PP : Du quart-d’heure qu’on a vu ça m’a fait regretté de ne pas être resté plus longtemps.
SB : Est-ce que c’était sauvage?
BL : Ouai. Ces filles là c’est des vrais bonshommes.

Liars :
PP : Je me suis fait chier quand même…
SB : En fait vous avez pas reconnu le Liars que vous connaissiez.
PP : Non quand on les a vus au Pitchfork c’était que du synthé mais là c’était beaucoup moins puissant.
BL : N’empêche les trois premiers morceaux je les avais jamais entendu.
DB : C’était moins violent. Tous les concerts vus au Pitchfork étaient moins bien ici.
PP : Ouai c’était punk, et là c’était de la new wave à la con…
On divague…
SB : Moi j’ai aimé.                                          

Dan Deacon :
DB : Ha! C’était cool ! J’ai fais la cheniiiiille…!
PP : Quand tu fais de la chenille à un concert, généralement, c’est un bon concert. Faut pas se mentir. Moi j’ai pas fais de chenille sur My Bloody Valentine.
SB : C’était leur dernier concert de leur tournée donc ils étaient chaud comme la braise, ils étaient 4, deux batteurs, un de chaque côté « paf, paf, paf », deux mecs aux machines dont Dan Deacon qui a fendu la foule pour faire des trucs bizarre comme faire un grand rond, les gens commençaient à danser dedans, après tout le monde a fait une chenille autour du chapiteau et puis des morceaux qui tabassent à fond, des versions qui durent 10 minutes, ça envoyait du steak. C’est tribal, c’est psychédélique, c’est tout ce que tu veux.
Après on parle de chenille, la chenille de Dan Deacon se révèle être une supercherie puisque c’était en fait une espèce de pont où les gens passent deux par deux en dessous…
BL : Ha, donc ça compte pas la chenille, pénalité!
DB : C’est le papa Dan Deacon un peu, un moment je me suis cru un peu à la crèche
SB : Ouai, t’as vu Henri Dès en fait.
PP : Dan Deacon c’est un peu le Henri Dès, de la musique électronique…
DB : Nan, nan, nan, en même temps c’était un peu le messie.
SB : Mais c’était un peu court, il a joué 50 minutes.

My Bloody Valentine :
SB : Du coup on a vu la fin de My Bloody Valentine, c’était mieux que ce que j’espérais parce que j’espérais pas grand-chose à part un gros magma sonore dégueulasse.
DB : Par contre j’ai perdu 20% d’audition.
SB : Ils jouaient à la limite de l’audition.
PP : J’avais peur de m’ennuyer mais non.
BL : Ouai c’était très rock, mais les voix étaient trop noyées, on les entendait pas.
DB : Par contre il avait gardé des power point de 1991…
PP : Ouai mais finalement ça cadrait bien avec le groupe.
DB : Pour le coup c’est vraiment du shoegaze Hardcore, c’est vraiment du shoegaze pour les bonshommes.
PP : Ouai c’est vrai… C’est pour ça qu’on était là bas avec BL. Je regrette de pas avoir vu un bout de Titus Andronicus quand même…
BL me reproche d’aimer le métal maintenant alors que bon, c’est pas métal Titus Andronicus, faut pas pousser mamie dans les orties. On parle ensuite de Soulfly, de Mariah Carey et de Fucked Up qu’on n’a pas vu à cause du changement d’horaire mais on l’ignorait encore à ce moment là.

The Magician :
PP : C’est de la musique de gitan.
SB : Ca allait parce que j’étais bourré mais c’était mauvais.
BL : Ha ouai c’était nul.
SB : Le seul truc à gerber que j’ai vu des 3 jours c’était ça, il a du faire planter son PC avant de se barrer parce que les mecs ont trop galérer derrière pour relancer la musique.
DB : Ha ouai c’était à cause de lui ? c’est un vrai gitan en fait.
PP : DJ Coco après ça passait, il y avait des chansons cools.
DB : C’était cool que les festivaliers se mélangent avec les bénévoles, les organisateurs, c’est un bon état d’esprit qui résume bien le festival.

PP : On fait le top 5 ?
BL : C’est Deerhunter!
Top 5 de Dirty Bobby :
5 ex aequo – Dan Deacon et Deerhunter
4 – Metz
3 – Explosions In The Sky
2 – Four Tet
1 – Fuck Buttons : Une grosse surprise

Top 5 de Sacré Bobby :
5 – James Blake : Je prends un parti pris
4 – Explosions In The Sky            
3 – Deerhunter
2 – Fuck Buttons
1 – Dan Deacon

Bonus découverte : Melody’s Echo Chamber

Top 5 de Bobby Love :
5 – My Bloody Valentine : Ca m’a fait frissonner le tympan.
4 – Four Tet
3 – Blur : « Attendez, on est tous venu voir ça, arrêtez de faire vos délicats maintenant. Arrêtez de faire vos indés. »
2 – Dinosaur Jr. : Y avait Lou Barlow le mec de Sebadoh, c’est la classe tout de même.
1 – Deerhunter : C’est le meilleur groupe des années 2000 de toute façon.
                           
Top 5 de Panda Panda :
5 – Nick Cave And The Bad Seeds
4 – My Bloody Valentine
3 – Four Tet
2 – Fuck Buttons
1 – Deerhunter

SB : Vous voulez pas faire un flop 3?
Et après il râle quand on met Liars dans le flop!

Flop 3 de Dirty Bobby :
3 – Julio Bashmore
2 – My Bloody Valentine : il le flope pour 10 minutes…
1 – The Magician
                                   
Flop 3 de Sacré Bobby :
3 – The Breeders
2 – Swans
1 – The Magician
                                   
Flop 3 de Bobby Love :
3 – Liars
2 – Swans
1 – Daughn Gibson
Hors compétition : The Magician, la prochaine fois on invite Patrick Sébastien pendant qu’on y est.
                                   
Flop 3 de Panda Panda :
3 – Dead Can Dance
2 – Daughn Gibson
1 – Liars
Hors compétition : The Magician, ça n’avait pas sa place dans le festival.
                                   
On finit par parler du festival, on aime le fait de payer avec de l’argent et de ne pas passer par des jetons, qu’il y ait des clopes, le site superbe, de la super bock à 3,50 euros, la possibilité de boire de l’alcool fort, les stands de bouffe nombreux, même si DB regrette qu'il n'y ait pas de stand gastro, ni de Macdonald (rire).Le son est bon, les gens sont sympas mais on regrette une prog trop axée année 90 qui se ressent sur le public d’une moyenne d’âge de 30 ans. Surtout, l’envie d’y retourner est là tant les qualités sont nombreuses.

Ainsi s’achève ce report, on restera quelques jours de plus pour visiter la ville mais c’est une autre histoire, on gardera en tête de nombreux souvenirs et une promesse, celle de revenir très vite à Porto, pour une nouvelle édition.
Je tiens tout de même à remercier les trois Bobbies pour le temps qu'ils m'ont accordé afin d'élaborer ce compte rendu et en particulier Sacré Bobby pour m'avoir filé quelques photos qui ponctuent ce texte.

JOUR 2 : On ne peut pas avoir Blur et l'argent du Blur


C’est vendredi et on est frais comme la rosée du matin, On en profite pour aller se balader dans le vieux Porto et prendre le soleil sur la Ribeira. Il fait beau, il fait chaud et ma peau crame. Après un repas dégueu on continue notre petite excursion dans cette magnifique ville. Bon on est pas là pour raconter notre voyage mais il est important tout de même de préciser que c’est une ville qui a beaucoup de charme qui mérite le coup d’œil, festival ou pas festival.  Bien que l’on tombe amoureux petit à petit de la ville on finit par rentrer car l’heure tourne et ça va pas tarder à être l’heure de l’apéro pardi!
Un apéro tardif d’ailleurs qui nous fait louper Neko Case, premier concert que l’on aurait bien aimé voir mais on espère se rattraper avec Daniel Johnston figure emblématique du lo-fi qui nous avait bouleversé lors de son passage à Paris. Sauf que le saint apéro à duré plus longtemps que prévu et lorsqu’on arrive devant la scène ATP, le bougre a déjà bien entamé son set. En fait on arrive pour la dernière chanson, le culte et émouvant True Love Will Find You In The End. Daniel n’aura à priori pas fait plus de 40 minutes… On se dirige alors pour voir la fin de Local Natives, trois, quatre chansons suffisent à nous convaincre qu’on n’a pas loupé grand-chose. C’est sans vie et sans émotions à l’image de leur dernier album. Tout ça sonne un peu factice et n’est au final qu’une pâle copie de 50 autres groupes indés qui pullulent dans la musico sphère. Ennui.
Une fois le supplice terminé on se dirige vers la Super Bock afin de voir les papys de Swans à l’œuvre. Panda Panda y met beaucoup d’espoir, l’espoir de voir un mur de guitare nous assommer. On sait qu’ils en sont capables quand on écoute leur album The Seer, une odyssée infernale et flippante dans l'antre de la bête. Le groupe arrive et Gira malgré son âge avancé en impose, c’est le genre de pépé à qui tu ne parles pas sans qu’il t’en ait donné l’autorisation. Un redneck effrayant qui ne déparierait pas dans un film de genre où des pom pom girls se font trucider dans un village paumé de l’Amérique Texane. Alors que le groupe entame une introduction on se prépare à une claque sonore. On a le temps de se préparer, l’introduction est longue, très longue… En fait ce n’est pas une introduction mais bien une chanson, leur set n’a rien de mélodique ou de facile, le groupe préfère les titres instrumentaux qu’aux titres chantés qui ont du représenter que la moitié de leur prestation. C’est bien dommage car lorsque Gira chante de sa voix rauque et puissante, le concert décolle. Il dommage d'assister à un concert si imperméable et si difficile d’accès. On restera jusqu’à la fin sans grande conviction avant de partir en direction de la scène Pitchfork pour voir notre gloire nationale.

Contrairement à jeudi qui était une petite journée, les deux derniers jours se déroulent sur 4 scènes toutes à moins de 2 minutes de marche les unes des autres. Les 22 groupes programmés s’enchainent, se chevauchent, ne nous laissant pas une minute de répits face à cette programmation d’une grande qualité. 

Quand on arrive à la scène Pitchfork, seule scène couverte et installée sur le bitume, la Française de Melody’s Echo Chamber nous rassure de suite. Il est vrai qu’après sa prestation moyenne il y a un an, Melody Prochet a trouvé une aisance et une prestance sur la route au fil des nombreux concerts donnés un peu partout dans le monde. Les 4, 5 chansons vues auront en tout cas suffit à nous faire regretter de ne pas être resté plus longtemps. Efficacité et légèreté sont les maitres mots de leur prestation relevée qui nous donne envie de nous trémousser face à ses mélodies psyché pop qui rappelle l’univers de Tame Impala. Pas étonnant puisque Kevin Parker, leader du groupe Australien, a aidé la belle à concrétiser son premier album. On est très agréablement surpris de voir le groupe réussir à transcender leurs compositions en live,  on sent une envie et une joie qui fait réellement plaisir à voir mais il est déjà temps de partir.
Si on ne reste pas plus longtemps c’est que Grizzly Bear est sur le point de commencer. Après l’incroyable concert donné au Pitchfork festival en octobre dernier, on avait hâte de les revoir à l’œuvre surtout que ce sera sûrement la dernière occasion d’assister à un de leur concert avant leur prochaine tournée. Accompagné par un claviériste/arrangeur supplémentaire, leur set sera largement consacré dans un premier temps à Shields. Ca tombe bien c’est leur meilleur album. On est toujours aussi bluffé par la maitrise parfaite des ces musiciens hors pairs. Si l’on trouve que le cinquième larron à la main un peu lourde et manque parfois de finesse, on salue les Américains qui retranscrivent parfaitement leurs compositions sur scène. Le summum reste surtout le chant parfait et qui prouve qu’ils sont sûrement les meilleurs dans ce domaine actuellement. Entre chœurs enjôleurs et harmonies vocales célestes, on est toujours aussi impressionné par leur maitrise. Seul point noir, on regrette l’absence de la scénographie (les lampions qui flottaient dans les airs étaient tout de même superbes à voir) mais la fin du concert enchainant leurs plus gros tubes (Two Weeks, While We Wait For The Others, Cheerleaders, The Knife…) nous rappelle que seul leur présence nous suffit. Un concert parfait auquel il manquait peut être ce grain de folie. Ca ne déborde jamais et bien qu’ils rendent justice à leurs disques, il n’y avait pas cette petite étincelle permettant de faire passer ce concert d’un moment très agréable à celui d’inoubliable.
Une fois terminé, il n’y a pas de temps à perdre et il est temps de retourner à la scène Pitchfork. Après la fragilité des Grizzly Bear c’est une toute autre ambiance qui nous attend là bas avec les canadiens de Metz et leur noise rock violent et tapageur. Violent et tapageur, c’est ce qui se passe un peu à l’intérieur de la scène. Ma pinte connaitra quelques turbulences lorsqu’on s’approchera de la scène où ça se bouscule dans tous les sens. Peu de places aux mélodies ici, il s’agit surtout de frapper fort et de gueuler à tout va. On voit quelques filles s’aventurer dans la fosse mais la violence est telle qu’elles ne font pas long feu. Metz nous fera retomber quelques années en arrière. On se laisse emporter par les mouvements de foules, on joue du coude, on saute, on hurle, Metz est un gros défouloir qui tombe à point nommé. Je m’excuse auprès de ce garçon que j’ai poussé un peu trop fort et qui est tombé un verre à la main. L’excitation du moment… Honteux je me réfugie à la barrière avec les autres bourrins qui ne font pas de chichi quand il s’agit de pogoter. BL est là, il est content (il est très saoul) et retombe en adolescence quand il se met à slammer (facepalm). DB en veut aussi mais n’a pas choisi le bon moment et fini par tomber violemment sur le sol (double facepalm), le pauvre se fait déjà écraser pas les autres alors qu’on n’a pas encore eu le temps de réagir pour le remettre sur pied. Dans ce concert la musique aura été presque facultative, Metz à surtout été un défouloir gigantesque qui nous aura remis les idées en place et échaudé plus qu’il ne faut pour la suite des évènements.
En sueur, on ne compte pas en rester là et on part voir l’Anglais Four Tet capable du pire comme du meilleur. On avait peur de voir un set fait de pérégrinations jazzy pas drôles et relou mais oh miracle, Kieran Hebden et d’humeur dansante. Tout du long, on aura le droit à des bombes house. Devant les gens se trémoussent avec un air extasié acquis à sa cause. Il n’y a là aucune intellectualisation, le seul but est de vibrer aux sons des basses rondes et aux rythmiques endiablées de l’Anglais. A ce petit jeu, il sera sans conteste le meilleur ce soir là. L’heure passe à une vitesse folle en sa compagnie et on en oublie Blur qui doit passer à 1h25. Love Cry du génial There Is Love In You nous rappelle à l’ordre et on décide de ne pas rester plus longtemps afin de se poster devant la scène optimus situé à deux pas.

Il y a foule d’ailleurs mais on arrive à se faufiler un chemin dans les premiers rangs grâce au public compact, mais pas trop. Encore un gros point fort pour ce festival où il est facile de circuler et de se frayer un chemin devant même lorsque le groupe s’appelle Blur. On attendait ce moment depuis un moment, il faut dire que le groupe reste très cher à mon cœur et voir ces légendes de la Brit pop me procure une joie immense. Quand le set débute sur Girls And Boys on ne peut s’empêcher de sauter dans tous les sens, rien à voir avec les mamies Breeders, le concert est propre et survolté. Le groupe est content d’être là et Damon Albarn y donne de sa personne malgré ses 45 ans (qu’il ne fait pas!). La setlist est ni plus ni moins un best of, rien n’est oublié à part Charmless Man issu de l’injustement mal aimé The Great Escape. Les Anglais présents scandent chaque parole mais les Espagnols, Portugais et Français ne sont pas en reste. Blur nous offre une immense communion, on est ravi du temps que l’on passe avec lui, le temps nous échappe en sa compagnie. Cependant, comme Grizzly Bear, jamais on aura vibré ou frissonner. Là encore c’est très pro mais chez Panda Panda on aime quand ça dérape, quand ça part en couille et que l’imprévu est au rendez vous. Pas de ça chez Blur qui doit répéter la même chose à chaque concert. Ils font le taf. Alors qu’on s’attendait à une révélation ou même une illumination, on aura eu le droit au lieu d’un concert inoubliable à un travail parfaitement exécuté. Ce qui est déjà beaucoup.

Lessivé on file à l’entrée, là où tout les stands de bouffes sont regroupé,s et il y a du choix. On retrouve même quelques grandes enseignes comme Pizza Hut ou KFC et bien sûr les traditionnels Kebabs et sûrement pleins d’autres trucs mais on n’a pas pris le temps de tout regarder aguiché par le bucket du colonel Sanders. Repu pour une somme raisonnable. On file à la Pitchfork voir la fin de Glass Candy. On arrive un peu tard et on ne voit que deux chansons. Ils ne sont que deux sur scène, le mec est aux machines tandis que la fille et au chant. Les gens ont l’air content autour de nous, il est vrai que leur musique ne manque pas d’entrain et à de quoi faire danser. Cerise sur le gâteau, Johnny Jewel (de Chromatics) et Ida No nous interprète Warm In The Winter dernière bombe disco en date lâché il y a peu de temps sur une compilation. Comme Melody’s Echo Chamber, on regrette de ne pas en avoir vu plus mais le timing est serré et les sacrifices sont légions dans des festivals aussi grand.

Le set terminé, on file à l’autre bout du site mais c’est tellement bien foutu qu’on ne met même pas 5 minutes! Arrivé sur l’ATP, Fuck Buttons est en place. On a loupé le début et bien mal nous en a pris puisque le set des deux Anglais est puissant, fort et orgasmique. Andrew Hung et Benjamin John Power ont le don de nous hypnotiser avec leurs nappes sonores noisy et bruitistes mais dont se dégagent à chaque instant des mélodies évidentes et des rythmiques exaltantes. Ce set est l’occasion pour eux de nous présenter de nouveaux titres plus rugueux et plus frontal que par le passé. Moins rêveur qu’à l’accoutumé, on est face à des titres plus nocturnes (ça tombe bien il est 3h30 du mat) et sales, de quoi vous retourner définitivement la tête à une heure si tardive. Fuck Buttons en impose et se place comme le concert de la soirée avec leur techno inventive qui brasse les genres et les inspirations.
Il est un peu plus de 4h quand on repart vers la scène Pitchfork pour le dernier concert de la soirée avec Julio Bashmore et son mix de deux heures qui vient clôturer ce deuxième jour. DB et SB perdus, je pars en compagnie de BL pété comme un cochon et épuisé. C’est non sans craintes que je lui file les clés de l’appart pour qu’il aille se coucher en espérant qu’il se réveille pour venir nous ouvrir. En attendant c’est donc seul que j’assiste au mix énergétique de Julio Bashmore (les deux autres bobbies étant introuvables sous la tente de la scène Pitchfork). Bien qu’agréable, on a du mal à se concentrer devant son mix. Tout d’abord, l’Anglais est un excité, on s’attarde rarement sur une mélodie préférant atteindre le point culminant sans faire monter la sauce ce qui est plutôt destabilisant. Qui plus est, on passe très vite d’une ambiance à une autre, l’esprit dans les vapes, on a bien du mal suivre le rythme qui nous parait pas toujours cohérent. Je finis par capituler vers 5h30, ayant une sorte crampe en continue sous le pied, je décide de rentrer, boiteux et dans un piètre état. Arriver devant l’appart je finis par tomber sur les deux Bobbies. BL dort et on est comme des cons au pied de l’immeuble. Il faudra attendre 7h30 avant de le réveiller et pouvoir enfin dormir.

Il est 15h quand on se lève alors qu’on prend notre petit déjeuner, j’en profite pour demander le ressenti des Bobbies sur cette deuxième soirée.


Local Natives :                   
BL : J’ai trouvé ça génial, ça m’a trop caressé l’oreille, j’ai eu un orgasme inrockiens.
Oui car les inrocks aiment beaucoup les choses pleines de douceur cf. leur compte rendu à voir sur leur site et en particulier ce qu'ils ont pensé de Local Natives. On a bien ri en tout cas.
BL : J’ai été très déçu que le chanteur n’ait plus de moustache.
DB : Le batteur avait une belle casquette.
BL : Oublie pas la moustache quand même, c’est comme Freddie Mercury sans sa moustache c’est pareil.
SB : C’est une parodie de pop folk indé, j’ai déjà vu ça en mieux.
                        
Swans :
BL : Je sens qu’il va y a voir débat!
PP : Je sens que ça a pas plus à tout le monde…
DB : A qui ça a plu d’ailleurs?
BL : C’est de la grosse branlette, tu me donnes une pédale fuzz et je fais pareil.
DB : c’était trop pourri on a préféré aller dans les bosquets.
Les bosquets ont une place centrale sur ce site. Distillés un peu partout, ils font office de toilettes et servent à peu près à tout et n’importe quoi.
SB : Je m’attendais à un son puissant qui nous envoie tous balader mais finalement j’ai trouvé ça trop brouillon pour que ça ait l’effet escompté.

Melody’s Echo Chamber :
BL : Elle est trop belle et elle chante trop bien!
DB : L’élégance à la Française était présente à porto.
BL : Avec sa petite robe blanche là… J’aime bien sa voix ça me rappelle Blonde Redhead des grands jours.

Grizzly Bear :
DB : C’était moins bien qu’au Pitchfork Festival
BL : Grizzly Bear c’est des mecs biens, ils sont beaux.
SB : Ha non ils sont moches.
BL : Le chanteur ressemble à Sylvester Stallone des années 80.
Tout le monde s’accorde pour dire que c’était bien finalement mais sans plus.

Metz :
BL : C’était très élégant.
DB : C’était bourrin, ça a fait du bien.
Pas inspirés les Bobbies…Tout le monde s’accorde pour dire qu’après la pop gentille de Melody’s Echo Chamber et de Grizzly Bear, leur rock pêchu mais pas mélodique envoyait du bois et c’est le principal.

Four Tet :
PP : Concert de la soirée… ?
DB et SB : euuuuhhh, sympathique ouai.
PP : C’était dansant, bien rythmé…
Là encore on est tous d’accord, on se plaint qu’il n’y ait pas de débats, le ressenti pour chaque  concert étant sensiblement le même.

Blur :
DB : c’était bof, disons que c’était attendu.
SB : Je m’attendais pas à autre chose, ils ont répondu à mes attentes, C’était un jukebox avec tous les tubes, ils avaient la pêche, c’était bien exécuté après on en attendait peut être trop. Ca reste un bon groupe de pop Anglais mais c’est tout.
DB : Il était beau avec sa couronne de fleur. Mais je m’attendais à un truc plus impressionnant en fait
SB : C’est pas un groupe qui va transcender ses tubes en live, ils ont fait le job. Après on peut pas avoir Blur et l’argent du Blur.
On l’applaudit tous pour ce jeu de mot. On s’accorde à dire que ce n’était pas le concert de l’année un peu comme Grizzly Bear.

Glass Candy :
DB : On peut commenter la pause bouffe?
PP : KFC a fait le job, c’était honnête et sans surprise comme Blur.
DB : On n’est pas resté assez longtemps pour Glass Candy.
BL : Ha c’était vraiment cool.
PP : Elle est jolie la chanteuse, c’est comme Chromatics, c’est le même groupe, efficace et dansant.
BL : C’est super efficace.

Fuck Buttons :
SB : Grosse claque, ca te met dans un état d’hypnose, tu sais pas si t’es éveillé ou endormi.
BL : C’est une belle berceuse, c’était trop bien, je me suis endormi. Une berceuse c’est une belle musique.
Hmm… Pourquoi pas.
BL : C’était bien tribal aussi.
SB : On a loupé Surf Solar, ils ont du la jouer au début, c’est une grosse tuerie ce titre.
DB : C’était bien cool ! J’ai adoré je suis parti devant comme un sauvage.

Julio Bashmore :
SB : Un pot pourri incohérent, y avait des morceaux qui collaient pas au reste.
PP : C’était foutraque mais sympa. J’étais bien moisi mais il m’a tenu une heure debout donc j’ai du apprécier quand même.
DB : C’était hyper club en fait et j’ai pas aimé. C’est pas mon truc.

On fini par parler de Damon et Melody, des gens qui sont beaux, du dernier jour moins varié et du gros rock qu’on va bouffer toute la soirée. Mine de rien, il n’est pas loin de 16h et il est déjà temps de se préparer pour ce dernier jour hélas...

JOUR 1 : Voyage au bout du paradis.


On est jeudi, il est 8h et Porto nous accueille avec un grand soleil. En attendant Dirty Bobby, Sacré Bobby et Bobby Love (qu’on appellera par la suite DB, SB et BL pour la faire courte), on part récupérer les clés de l’appart qui se situe à 15 minutes du site du festival. La corvée faite, on en profite pour se balader dans cette magnifique ville pleine de charme. La journée avance et on comprend très vite pourquoi Primavera a choisi Porto pour lancer la mini édition du festival Barcelonais qui se tient une semaine avant. Le soleil! On avait quitté Paris sous la pluie, on se retrouve sous des températures plus qu’agréables à déambuler dans ce havre paradisiaque. Les heures défilent vite, fatigué par cette journée de marche en mode pleine bourre, on rentre à l’appart. On a à peine le temps de faire des courses (pour l’apéro!) que les Bobbies déboulent. Ni une, ni deux on attaque la vodka histoire de se mettre en jambe. Il est déjà 17h30 et les festivités commencent dans une demi-heure avec Guadalupe Plata, un groupe inconnu originaire d’Espagne. Mais les Bobbies sont des Poppies, on décide donc de prendre le temps histoire de lister nos plus grosses attentes pour ces trois jours qui s’annoncent d’ores et déjà épique.

BL :
Il décide de privilégier les groupes qu’il n’a encore jamais vu excluant les DJs qui sont cools mais qui ne savent pas trop jouer de la guitare dixit l’intéressé.
5 – Local Natives (dont il n’a pas aimé le dernier album) et Grizzly Bear (déjà vu mais ce fut une claque).
4 – Dinosaur Jr.
3 – Blur.
2 – My Bloody Valentine.
1 – Deerhunter.

SB : 
5 – Liars et James Blake.
4 – Deerhunter dont il espère que ce sera un voyage au bout de l’enfer (Clin d’œil au film de Cimino inside).
3 – Fuck Buttons pour tripper dans les étoiles.
2 – Dan Deacon qu’il a déjà vu mais c’est trop cool.
1 – Blur : "On va pas jouer au pédant indie".

DB :
5 – Metz parce que c’est rock’n’roll.
4 – Four Tet pour le côté électro qui bouge.
3 – Fucked Up conseillé par le directeur artistique des 3 éléphants (s’il vous plait !).
2 – Dan Deacon parce qu’on lui en a parlé en bien (on parie sur SB).
1 – Liars parce que c’était cool au Pitchfork Festival.

Panda Panda :                   
5 – Titus Andronicus / Metz parce que ça va être rude en live.
4 – Liars parce que c’était trop cool au Pitchfork Festival
3 – Dinosaur Jr. Parce qu’ils ont été un vrai contre pied à Michel Sardou dans les années 90 (la vodka faisait déjà son effet apparemment).
2 – Swans pour la tempête qu’ils vont provoquer dans notre tête (©SB).
1 – Blur pour danser sur leurs nombreux tubes.
Bon c’est pas tout ça mais avec ces conneries il est pas loin de 20h quand on débarque sur le site. Y a des flics partout, ça fouille, ça fait la queue pour le précieux sésame mais c’est fluide. En plus du bracelet, on nous refile une carte que l’on bip à l’entrée mais dont on n’a toujours pas compris l’utilité. Sur la partie bétonnée les stands sont nombreux, ça va du salon de tatouage improvisé, aux distributeurs (précieux) de billets, il y a des vendeurs de tout et n’importe quoi et même un stand où il faut tourner une roue… Bref, on s’en fout ce dont on a besoin c’est d’une bière, et des stands de bières il n’en manque pas. Approvisionné par des citernes, le bar ne connait jamais la panne sèche pour notre plus grand plaisir. Et là PAF! 3,5 euros la pinte de Super Bock! On a beau avoir baroudé dans un paquet de festival, 3,5 euros la pinte de bière ça frôle l’indécence! C’est un grand sourire sur les visages que l’on avance vers la scène, un sourire qui ne va jamais se dissiper. L’organisation est bien huilée, des filles filent des progs bien foutues et des sacs se transformant en nappes à carreaux (c’est choupi) mais l’extase arrivent lorsqu’on voit le site où sont implantés les scènes. Ce sont des étendues d’herbe fraichement coupée qui nous accueillent, il y a des arbres et des bosquets partout et chaque scène se situe dans creux. En gros, quelque soit l’endroit où vous êtes vous verrez toujours bien. Vous voulez vous allonger au fond ce n’est pas un problème. Vous y verrez et entendrez aussi bien que ceux agglutinés en plein milieu de la fosse. En gros, Optimus Primavera Sound c’est le paradis du festival et ce sentiment ne s’estompera jamais en trois jours.
Sur nos petits nuages on s’assoit pour assister au concert de Wild Nothing, alors que le soleil se couche doucement, on ne pouvait rêver mieux que la pop belle et légère de l’Américain qui nous évoque tour à tour The Smiths et New Order. Depuis le temps qu’il tourne il faut dire que son set est très pro, les guitares claires et les synthés mélodiques sont bien en place. Wild Nothing est la petite sucrerie idéale qui nous fait oublier le temps pourrave Français et qui nous permet de rentrer une bonne fois pour toute dans ce festival pour ne plus le quitter.

Il est déjà 21h, lorsque Jack Tatum finit, on file donc à la scène Optimus situé à deux pas (sans déconner hein, à la limite tu peux regarder les concerts depuis la scène Super Bock) pour assister au concert des Breeders qui jouent Last Splash dans son intégralité. Parce que Last Splash ça a 20 ans mine de rien et il faut avouer que le disque n’a pas pris une ride à contrario des sœurs Deal un peu dépassées ce soir là.  Tout ça est bien sympa mais c’est là qu’on voit la limite des tournées anniversaires où le groupe se contente de jouer un unique album. On s’emmerde, ça manque un peu de surprise, de folie. On assiste à ça comme si on allait au musée, c’est pas l’éclate quoi. Quand en plus le groupe le joue dans l’ordre du tracklisting… C’est encore moins fun. Surtout que Cannonball, gros tube en puissance, est la deuxième chanson du disque. Une fois passée ce moment on regarde ça un peu désintéressé en se disant que finalement Last Splash est un bon album mais pas non plus un chef d’œuvre qui mérite qu’on lui consacre une tournée. On préférerait que les Breeders reviennent avec un nouvel opus plutôt que ce genre de tournée qui les rend plus vieilles qu’elles ne sont déjà. Qui plus est, Mountain Battles, leur dernier album qui date de 2008 était plus que sympathique.

22h10 et c’est d’autres dinosaures qui déboulent mais là on ne connait pas trop. Dead Can Dance a eu son heure de gloire quand on n’était pas encore né, un groupe qui était à part à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui. Une heure durant on aura le droit à une musique baroque et mystique. On y voit là dedans une bonne BO pour un drame qui aurait pour cadre un pays oriental. On n’est pas loin du chant lyrique ce qui n’est pas une mauvaise chose mais ça manque un peu d’énergie et il faut dire que ça ne bouge pas beaucoup sur la scène, on finit donc par s’endormir…

Cette petite pause à été finalement parfaite pour accueillir la tête d’affiche de ce soir. Nick Cave And The Bad Seeds ont encore sorti un excellent album cette année mais il faut avouer qu’on avait un peu peur que ça se traîne le cul sur scène. Que dalle. Nick arrive, il est déchaîné, ça boogie woogie même quand ça s’y prête pas mais c’est pas grave parce qu’il a toujours la classe. Nick Cave est un grand showman, un grand leader qui peut se permettre de détacher son nom du reste du groupe. Quand aux musiciens, ils sont carrés et arrivent constamment à dégager une fièvre furieuse sur tous les titres. Il y a juste ce qu’il faut de déchéance et de bestial sans trahir les compositions grandioses. On est vraiment épaté par le groupe mais il est déjà temps de les quitter parce que à côté faut pas déconner : y a Deerhunter!

Bon ok je suis amoureux de Deerhunter mais on se méfie un peu après le concert moyen donné au Trianon la semaine passée. Le son n’était pas tip top et on n’avait pas pris la claque espérée. Cependant, on se laisse traîner devant par BL, grand amoureux lui aussi de Bradford Cox et qui fait sa grande première avec le groupe. Débutant sur le classique duet Cover Me/Agoraphobia les choses sérieuses commencent avec Neon Junkyard. L’entrée brutale de leur excellent dernier album le sera tout autant ici. D’entrée on est frappé par le son plus puissant et plus clair qu’il y a une semaine. Le groupe est précis mais aussi sauvage. A partir de là, ils ne vont plus lâcher l’auditeur à quelques exceptions lorsqu’il s’agit de balancer des mélodies désarmantes. Le groupe se concentre sur une setlist incisive, ça pioche un peu dans quelques titres entêtants de Haclyon Digest mais on reste principalement sur Monomania et ses bombinettes garage. Au fur et à mesure que le concert avance on est réellement transporté par la foule, les minutes défilent et quand le trio final Sleepwalking, Back To The Middle, Monomania déboule, le public est en extase et nous aussi. Quel déferlement de guitares, quelle envie qui transpire sur nous, on est aux anges. On aurait voulu en avoir plus bien sûr mais Deerhunter, bien que très respecté, n’a pas encore le droit à la grande scène et aux sets étendus pour notre plus grand regret. On a transpiré, on a gueulé des mono-mono-mania on était fou, on était heureux et conquis, le concert à n’en pas douter du festival.

James Blake à la lourde tâche de passer après Deerhunter et de clôturer la soirée. Mission impossible pour l’Anglais qui doit nous sortir de notre gueule de bois après la folie provoquée par Bradford Cox et sa bande. Pourtant le talent est là. Son concert est très pro et réussi à rejouer à l’identique ses morceaux studios mais cela ne suffit pas. On est un peu embêté par cette trop grande professionnalisation justement. Il y a quelque part quelque chose de trop carré, de trop froid qui ne retranscrit jamais les chansons désespérées de ses albums et les émotions qu’on peut ressentir à l’écoute. On s’ennuie un peu finalement devant son set certes sympathique mais d’on on attendait forcément plus… James Blake est de ces artistes sympa à voir au moins une fois mais passé l’effet de surprise, il ne reste plus grand chose hélas, pour vibrer.

La première soirée est courte, Il est 4h et on doit déjà retourner à l’appart. Installé autour d’une bière, il est temps de demander l’avis aux Bobbies de ce qu’ils ont pensé de cette journée. Voici une retranscription plus ou moins fidèle, raccourcie et fortement censurée.

Wild Nothing :                             
DB : J’ai adoré ce couché de soleil, parfait pour l’apéro.
SB : Rien n’est sauvage.
BL : Seul Deerhunter valait le coup, s’il y avait un seul concert à retenir c’était Deerhunter, mais genre loin loin loin devant les autres.

The Breeders :
DB : Je suis partis me maquiller et me faire offrir de la crème glacée (j’ai loupé ce stand qui est je ne sais où mais oui, tout est possible au Primavera).
SB : Pareil que DB.
BL : Naze, je retiens Cannonball mais ça me rappelle quand j’avais seize ans.
Note : En gros, il veut dire que c’est de la musique qui lui rappelle le lycée ce qui est bien mais ses goûts ont évolué depuis, ça a quelque chose de nostalgique. Enfin c’est ce que j’ai compris…
J’ai retenu que Deerhunter de toute façon, c’était la grosse claque de la soirée, de l’année même.

Dead Can Dance :
DB : Je m’en rappelle même pas.
BL : Je préfère Manau.
SB : Oh putain les gars vous êtes durs, ça va pas finir sur un blog cette phrase quand même (hé bien si) on pourrait te tuer pour moins que ça.
DB : Non non il a raison, c’était hyper moche.
SB : Non c’est pas hyper moche, en fait ça a un son bien particulier.
PP : Du coup tu dis quoi ? Même les morts peuvent danser dessus ?
SB : Même les morts peuvent danser dessus. Non mais ils ont fait une super reprise de Tim Buckley à la fin.
Ensuite ça part en cacahuète sur Dead Can Dance, ça parle de du loup du renard et de la belette, de prendre le porto en photo et de manger des trucs bizarres…

Nick Cave And The Bad Seeds :
BL : Il était mieux avec sa moustache et c’est tout.
PP : J’ai pensé la même chose il avait plus la classe avec.
BL : Meilleur concert de 1996.
SB : Bah Dead Can Dance on peut dire 86.
DB : C’était bien de loin, c’était pêchu.
SB : Franchement je dormais.
                         
Deerhunter :
PP : On arrive au fond du truc.
BL : Magique, épique et pleins de rimes en « ique ». Pour être sérieux, c’est mon meilleur concert depuis Arcade Fire en 2007.
DB : OH! non non non non non…
BL : Si.
DB : Hein? Quoi? Deerhunter? Arcade Fire? Arrête de te branler dans la mousse toi!
SB : Faut arrêtez à un moment quand même.
DB : C’est quoi ce délire mais arrête…!
Grosse aparté encore une fois, ça parle d’Arcade Fire et de bains moussants
DB : Deerhunter c’est cool mais ça vaut pas  Arcade Fire.
PP : Outre cette comparaison ?
DB : Claque de la soirée.
SB : Ce soir c’était voyage au bout du paradis.

James Blake :
DB : C’est mou du cul
BL : « So 2011 »
PP : SB? Y a de la place, tu peux le défendre.
SB : Le crooner rencontre le dubstep.
BL : Oh c’est beau.

La soirée s’achève sur les filles peu nombreuses au goût de SB mais fort jolies, du fromage qu’ils ont bouffé en entier pendant que je notais leurs conneries et de Deerhunter bien sûr qui aura finalement mis tout le monde d’accord, même si les comparer à Arcade Fire, c’est fort de café!